Cadence de travail, choix des médicaments et du matériel, conditions d’exercice : les spécialistes en clinique pas tendres avec leurs directions

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Publié le 23/03/2021

Crédit photo : S.Toubon

À l’approche des élections professionnelles (du 31 mars au 7 avril), les syndicats de praticiens libéraux sondent leurs troupes. Les Spécialistes-CSMF ont ainsi interrogé 647 médecins et chirurgiens de 39 spécialités* et leur enquête révèle une dégradation des conditions d’exercice en établissement. Installés à 88 % en libéral exclusif, les praticiens sondés exercent à 93 % en clinique privée (en majorité sans actionnariat médical). 6,5 % d’entre eux travaillent dans le privé non lucratif (ESPIC).

Des directions pesantes

Les trois quarts de ces spécialistes en établissement estiment que les recommandations professionnelles de leur profession sont respectées par leur direction en ce qui concerne le personnel qualifié et 71,8 % en ce qui concerne le matériel. Ce qui signifie en creux que les autres ont des griefs sur ces terrains.

Pire, 40,6 % des praticiens déclarent subir des recommandations appuyées « sans concertation avec la commission médicale d’établissement (CME) » de la part de leur direction administrative pour le choix des médicaments. 44,3 % ressentent ces consignes (pressions ?) pour le matériel et 31,3 % pour augmenter leur cadence de travail. Concernant la politique des achats, 42,1 % des médecins interrogés estiment qu’elle se fait « sans tenir compte de la proposition de la CME et de ses médecins ».

Plus grave encore, selon l’enquête, près d’un médecin/chirurgien sur deux juge que ses conditions d’exercice « se sont dégradées » depuis cinq ans. « Nous ne pouvons plus accepter qu’un médecin ou un chirurgien sur trois travaille avec un matériel ne répondant pas aux recommandations de son CNP, et qu’un sur quatre ne bénéficie pas du personnel qualifié et formé », commente la branche spé de la CSMF, présidée par le Dr Franck Devulder, qui demande au ministère de la Santé une table ronde d’urgence avec les acteurs concernés.

Redevance stable

La gouvernance partagée entre CME et direction pour la mise en place du projet médical d’établissement n’est avérée que pour deux tiers des répondants. Et les fonctions transversales – comité de liaison en alimentation et nutrition (CLAN), comité de lutte contre la douleur (CLUD), comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) – ne sont pas valorisées pour 58 % des praticiens !

Le niveau de redevance administrative et de gestion des honoraires est resté stable depuis cinq ans pour 80 % des médecins interrogés. Il se situe entre 5 et 10 % pour 45 % des spécialistes, et entre 3 et 5 % pour un tiers d’entre eux.

* 32,7 % de chirurgiens, 7,4 % d’anesthésistes, 38 % de spécialités médico-techniques, 21,9 % de spécialités médicales


Source : lequotidiendumedecin.fr