Démographie en péril, rémunération peu attractive : la pédiatrie libérale craint pour sa survie

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Publié le 03/12/2020
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Est-ce la fin de la pédiatrie libérale ? Le Syndicat national des pédiatres français (SNPF) alerte une nouvelle fois sur la démographie catastrophique de la spécialité et l'absence de mesures attractives pour attirer la jeune génération.

La France compte 2 600 pédiatres libéraux et/ou ayant une activité mixte. « 55 % des pédiatres ont plus de 55 ans. D'ici 10 à 15 ans il ne restera que 1 600 à 1 800 pédiatres ayant une activité ambulatoire, alors que 25 % de la population française a moins de 18 ans », se désole le SNPF. La France contre un pédiatre pour 6 000 enfants (contre un pour 1 500 en moyenne en Europe). « Nos journées sont chargées, on gère énormément de consultations de soins non programmés, 30 à 50 % par jour, ça peut refroidir la jeune génération », souligne le Dr Brigitte Virey, présidente du SNPF.

En 2020, 328 postes d'internes ont été ouverts dans la discipline et tous pourvus par les juniors. Pour répondre aux besoins, le Dr Virey estime qu'il faudrait former 600 pédiatres chaque année mais aussi accroître l'attractivité de l'exercice. « Choisie parmi les premières spécialités aux épreuves classantes nationales il y a 15 ans, la pédiatrie arrive en 15e position », précise le SNPF. Selon l'indice d'attractivité calculé par « Le Quotidien » la pédiatrie se classe même cette année à la 28e position sur 44 dans les choix des jeunes à l'internat…

Actes longs, maigres tarifs  

Selon les dernières données de la CARMF (pour 2018), les revenus imposables des pédiatres libéraux s'élèvent à 70 134 euros, tout au bas de l'échelle des spécialités. « Avec un bénéfice ne permettant plus de subvenir à une entreprise médicale compétitive, inférieur de 23 % à celui de la médecine générale et de 64 % aux autres médecins spécialistes, la pédiatrie libérale n’intéresse plus les jeunes générations », avance le SNPF. Et « la plupart des nouvelles installations se font en secteur II », ajoute le Dr Virey.

La CNAM a fait un pas, jugé très insuffisant, lors des négociations conventionnelles. Le nouveau forfait pédiatrique (NFP, moins de deux ans) passerait à 8 euros (+3 euros) portant la consultation à 35 euros. De nouvelles consultations complexes seraient instaurées : dépistage des troubles du neuro-développement (60 euros), stratégie thérapeutique pour l'enfant atteint de ces troubles (60 euros) et bilan des enfants entrant dans l'aide sociale (46 euros). Un coût de 13 millions d'euros pour le régime obligatoire. 

La spécialité réclame au minimum une hausse de 8 euros du NFP pour permettre un gain de revenus estimé à 12 000 euros brut par an par pédiatre. « C'était le minimum, même avec cette augmentation, nos revenus auraient été inférieurs à ceux de la médecine générale », commente le Dr Brigitte Virey.

Pour la spécialité, seule une revalorisation significative permettra d'équiper tous les cabinets du matériel indispensable, d'embaucher des assistants médicaux et de donner envie à la jeune génération d'embrasser cette carrière libérale. « En l’absence de mesures fortes pour attirer les jeunes et accroître la démographie, alerte le SNPF, la réponse aux besoins de soins non programmés pédiatriques et la prise en charge de la santé de l'enfant ne pourront plus être assumées par des spécialistes de l’enfant. »


Source : lequotidiendumedecin.fr