Dernier médecin pour 7 000 habitants : coup de colère d'un généraliste après le départ d'une consœur… « débauchée » par la Sécu

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Publié le 09/05/2022
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Crédit photo : PHANIE

« J'ai 68 ans et je pense à mes aînés. Qui va s'occuper d'eux ? » Installé depuis 2006 à Mazières-en-Gâtine, une commune rurale de 1 000 habitants dans le département des Deux-Sèvres, le Dr Kassem Dahrouge affiche sa colère et son amertume.

Le généraliste a découvert « par des rumeurs » que sa dernière consœur sur place, l'unique autre médecin de la ville, a postulé pour être médecin-conseil à la Cpam 79 à compter du 1er octobre. Avec cette généraliste, le Dr Dahrouge assurait ainsi la prise en charge d'un peu moins de 7 000 habitants... Mais demain ? « Ici la population est âgée, décrit-il. Il y a beaucoup de personnes isolées n'ayant pas les moyens pour se déplacer. » Alors, après le départ de l'autre médecin, il se retrouvera tout seul, et débordé, pour assurer des soins.

Tsunami

Dans ce contexte de pénurie médicale, le généraliste en fin de carrière peste contre ce qu'il nomme « le débauchage » de l'Assurance-maladie. Un démarchage qui ne passe pas. « Elle (l'Assurance-maladie, NDLR) envoie des courriers pour demander aux médecins s’ils ne veulent pas devenir médecin-conseil, gronde le Dr Dahrouge. Elle en envoie partout, même dans les zones déficitaires, alors qu’elle sait très bien que nous avons déjà des difficultés à la campagne ! Ça va être le tsunami. Est-ce qu'on va abandonner les gens ? »

Au lieu de raccrocher, comme il le souhaitait, le généraliste bientôt septuagénaire va donc « essayer de tenir le coup le plus longtemps possible ». En plus de ses 2 000 patients suivis, il dit accepter de prendre de nouveaux patients prioritaires ayant des problèmes d'autonomie ou en ALD. Mais il sera impossible de faire plus.  

Il regrette cet isolement contraint et une forme d'abandon des élus locaux et des autorités. Depuis l'annonce du départ de sa consœur, le Dr Dahrouge déclare ne recevoir aucune sollicitation des autorités de tutelle. « Ni maire, ni député ne sont venus me voir pour essayer de trouver une solution. Et l'ARS ne dit rien », affirme-t-il. Sur le fond, le généraliste déplore un « manque de considération » pour la profession. 


Source : lequotidiendumedecin.fr