Déserts médicaux : un maire exaspéré par les règles « rigides » et « absurdes » de l'Ordre en matière de PDS

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Publié le 07/01/2022

Crédit photo : PHANIE

« On est en pleine pandémie, dans un territoire déjà difficile avec une population qui a besoin d'une attention particulière, et là on rajoute des murs de plus en plus hauts. Je dis stop » : Florian Lecoultre, maire sans étiquette, de Nouzonville (Ardennes) est très en colère contre l'Ordre départemental des médecins. En effet, pour faire face à la pénurie médicale qui gagne son territoire, cette commune de 6 000 habitants avait trouvé un médecin généraliste acceptant d'assurer une vacation hebdomadaire dans son nouveau centre de santé mutualiste ouvert au début de l'année 2021.

Or, en décembre dernier, après un an d'activité, ce même médecin a décidé d'arrêter ses vacations. Motif : le conseil de l'Ordre des médecins des Ardennes lui impose d'assurer des gardes à Nouzonville, s'il veut poursuivre des consultations auprès des patients ardennais. Or, le praticien,installé à Reims en fait déjà aussi dans la Marne et ne veut pas cumuler avec des gardes dans les Ardennes…

Le départ du médecin a fait bondir le conseil municipal qui a décidé de solliciter l'Ordre départemental, en vain. « Personne n'a répondu aux demandes des élus ou de l'ARS, fustige l'édile. Aucune discussion n'est possible pour le moment. Le blocage est là ». Selon le maire, les règles « rigides » et « absurdes » notamment en matière de permanence des soins (PDS-A) devraient être modifiées si on ne veut pas freiner les initiatives locales visant à lutter contre la pénurie médicale.

Bâtons dans les roues

« Quand on trouve un médecin, on doit le garder et encourager la poursuite de son activité sur un territoire déficitaire comme le nôtre, insiste le maire. Là, le conseil de l’Ordre nous met des bâtons dans les roues. C'est impardonnable d’entraver des gens qui trouvent des débuts de solution. » Pis, selon le maire, un autre médecin aurait refusé de venir dans son centre de santé, après avoir pris connaissance de cette contrainte.

Au final, avec ce départ, la commune se retrouve avec seulement deux médecins généralistes, âgés respectivement de 65 ans et 70 ans, pour prendre en charge un bassin de 9 000 habitants.

Contacté par « Le Quotidien », l'Ordre des Ardennes reste silencieux. Le code de déontologie indique certes « qu'il est du devoir du médecin de participer à la permanence des soins ». Mais l'instance ordinale peut accorder « des exemptions de permanence pour tenir compte de l'âge, de l'état de santé et éventuellement des conditions d'exercice de certains médecins ». 


Source : lequotidiendumedecin.fr