Insécurité des médecins : légère baisse des agressions en 2019, davantage de femmes victimes, hausse des incidents en milieu rural

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Publié le 18/12/2020
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Crédit photo : PHANIE

C'est une très petite accalmie. Après cinq années de hausse consécutive, le nombre de déclarations d'agressions verbales et physiques, menaces, vols ou dégradations à l'encontre des praticiens a légèrement diminué en 2019 : 1 084 incidents ont été recensés par l'Observatoire de la sécurité des médecins contre 1 126 l’année dernière.

 

Agression

 

Mais sur seize ans, depuis la création de l'Observatoire, le nombre de praticiens agressés reste très élevé l'an passé – la moyenne s'établissant à 801 déclarations. Certes les médecins sont davantage incités  à déclarer les incidents mais le sentiment d'insécurité reste une tendance lourde car le taux de « victimation » se stabilise autour de 0,55 % en 2019 (0,57 % en 2018 et 0,52 % en 2017).

Selon le rapport de l'Ordre, les six régions qui concentrent le plus le nombre d'incidents sont les Hauts-de-France (186), l'Occitanie (122), Auvergne Rhône-Alpes (122), PACA (122), la Nouvelle Aquitaine (109) et l'île de France (96).

Ce sont les départements du Nord (144 déclarations), des Bouches-du-Rhône (100) et de la Seine-Maritime (47) qui affichent les pires statistiques. Dix départements (Alpes-Maritimes, Ardèche, Eure-et-Loir, Loir et Cher, Lot, Nièvre, Orne, Pyrénées-Atlantiques, Rhône et Savoie) déclarent très peu.

Généralistes les plus exposés

Comme les années précédentes, les généralistes restent de très loin les premières victimes de ces violences. Ils sont à l’origine de 70 % des déclarations, alors qu’ils ne représentent que 44 % de la profession.

Agression

 

Chez les spécialistes, les praticiens les plus touchés sont les psychiatres (4 % des déclarations), les ophtalmologistes (4 %), les dermatologues (2 %) et les gynécologues-obstétriciens (1 %).

Contrairement à l'an passé, les femmes médecins sont surreprésentées parmi les victimes : elles sont à l'origine de 52 % des déclarations (alors qu'elles représentent 47 % de la population médicale).

Dans la très grande majorité des cas (82 %), la victime est le praticien lui-même (beaucoup moins souvent son collaborateur, le cabinet, le patient ou un membre de la famille du médecin). L'agresseur reste principalement le patient (55 % des incidents), un accompagnant (15 %) ou une autre personne (18 %).

L'Observatoire relève une hausse des agressions physiques (environ 8 %) et une stagnation des agressions verbales (injures, harcèlement) et des menaces qui restent prédominantes (66 %). Au total, les atteintes aux personnes restent majoritaires (71 %), loin avant celles contre les biens – dont le vol, le vandalisme ou les falsifications d'ordonnances.

Cliniques plus impactées

Les principaux motifs d'incident relèvent principalement de l'exercice : reproche sur la prise en charge (35 %), refus de prescription de médicament ou d'arrêt de travail (16 %), vol (13 %) ou temps d'attente jugé excessif (10 %). Mais beaucoup d'autres cas sont énumérés : refus d'être le médecin traitant, délai de rendez-vous trop lointain, refus de se déplacer chez un patient, coût du traitement ou incivilités dans la salle d'attente (parle trop fort, fait du bruit).

Si l'exercice en ville expose particulièrement les médecins aux violences (65 % des incidents déclarés contre 79 % un an plus tôt), la proportion d’incidents dans le cadre des établissements de soins augmente nettement (25 %), et particulièrement dans les cliniques (15 %). Les incidents en milieu rural s''affichent aussi en forte progression. 

Agression

 

Face à ces agressions, qui entraînent à des arrêts de travail dans 7 % des cas, les médecins victimes refusent majoritairement de donner suite : 59 % ne déposent ni plainte ni main courante. 

 

Agression

 


Source : lequotidiendumedecin.fr