« Irrités », « excédés »… les médecins sans solution face aux rendez-vous non honorés

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Publié le 14/10/2022

Crédit photo : S.Toubon

Pénaliser financièrement les patients qui ne viennent pas à leur consultation sans en avertir leur médecin. La proposition, lancée en 2019 par l’UFML-S sous la forme d’une pétition, est revenue sur le tapis il y a quelques semaines.

Son président, le Dr Jérôme Marty, espérait bien que les élus se saisissent de la question à l’occasion de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, qui se tient actuellement au parlement. Ce ne sera sans doute pas le cas. « Ils n’ont aucun courage, regrette le généraliste. Ils ne font que répéter les erreurs des gouvernements précédents. Quand ils ont une décision facile à prendre, qui ne coûte rien au pays, qui résoudrait une partie des problèmes, ils reculent parce que ça peut ne pas plaire à une partie de la population. »

Cette question des rendez-vous médicaux non honorés, les lapins, n’est pourtant plus seulement le problème des médecins, depuis qu’il est perçu comme un facteur aggravant les difficultés d’accès aux soins. Ces dernières semaines, la presse grand public s’en est d’ailleurs emparée. « Rendez-vous manqués, le grand ras-le-bol des médecins », titrait récemment « Le Parisien » en Une de son édition. « En France, plus de 28 millions de rendez-vous sont gâchés par an, avec des conséquences pour les autres patients », écrivait le quotidien reprenant des chiffres diffusés par l’UFML-S à l’origine d’une campagne de sensibilisation du grand public début septembre.

Les patients facturés au Luxembourg

Les témoignages de médecins excédés se sont multipliés dans la presse locale. « J’exerce dans un désert médical et pourtant, en moyenne, chaque jour, deux patients ne se présentent pas, sans prévenir. En septembre, l’une de mes collègues, installée récemment dans le cabinet, a comptabilisé jusqu’à cinq annulations la même journée. C’est irrespectueux », raconte au journal « L’Écho Républicain » la Dr Anne-Sophie Petavy-Blanc, qui exerce à Dreux, dans une spécialité, l’ophtalmologie, particulièrement touchée par la pénurie médicale.

Au Luxembourg, « si vous ne vous présentez pas à un rendez-vous sans l’avoir annulé au moins 48 heures à l’avance, la consultation vous est facturée », argumente, la spécialiste membre de l’UFML-S.

« Si quelqu’un décommandait un créneau le matin pour l’après-midi, je n’aurais aucun mal à trouver un autre patient prêt à venir à ce moment-là », regrette le Dr Dominique Engalenc, ORL dans le Cher, qui s’est confié au « Berry républicain ».

Les lapins, une opportunité pour les médecins ?

L’idée de facturer aux patients une consultation non honorée ne fait pourtant pas l’unanimité. Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes n’y voit pas une solution aux difficultés d’accès aux soins. Il appelle à sortir de « la logique de la culpabilisation », et réfute l’idée d’une « dérive consumériste » des malades. Au contraire, il y voit une opportunité pour les médecins libéraux « de rattraper un peu le retard, de répondre aux courriers/mails ».

« S’ils avaient un peu plus de pratique, ils s’apercevraient que c’est profondément gênant quand, dans la journée, vous avez 5 ou 6 rendez-vous en moins, rétorque le Dr Marty. Vous avez une entreprise libérale à faire tourner et que les rendez-vous qui vous manquent sont perdus définitivement. Surtout, ce sont des consultations volées à d’autres patients dans un contexte de pénurie médicale et d’explosion de la demande de soins ! »


Source : lequotidiendumedecin.fr