La Dr Agnès Giannotti, élue dimanche présidente de MG France, première femme à la tête du syndicat de généralistes

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Publié le 26/06/2022

Crédit photo : Véronique Hunsinger

C’était un secret connu de quelques initiés et resté bien gardé pendant les deux premiers jours du congrès de MG France qui se tenait à Dijon depuis vendredi. Dimanche matin, le bureau national de MG France a collectivement démissionné et le comité directeur du syndicat en a élu un nouveau, en portant à sa présidence, pour la première fois de l'histoire du syndicat de généralistes, une femme : la Dr Agnès Giannotti.

Médecin généraliste dans le quartier populaire de la Goutte d’Or dans le 18e arrondissement de Paris, elle était première vice-présidente du syndicat monocatégoriel sous le précédent bureau, lequel était déjà devenu majoritairement féminin lors de son dernier renouvellement en décembre dernier.

Démission anticipée

Si le dernier bureau a démissionné avec six mois d’avance sur le calendrier normal, c'est parce que le Dr Jacques Battistoni, président depuis 2017, et le Dr Jean-Louis Bensoussan, son secrétaire général, partent tous les deux à la retraite cet été. Il a également semblé plus logique aux leaders de MG France de passer la main avant le moment charnière de l'ouverture des négociations cet automne en vue de la prochaine convention médicale dont le directeur de l'Assurance-maladie a dessiné quelques axes lors du congrès.

Pour la nouvelle présidente, ce sera un baptême du feu même si elle avait participé aux négociations en vue de l'avenant n° 9 en juillet 2021 et aux dernières réunions de la commission paritaire nationale (CPN). Encore première vice-présidente samedi, la Dr Giannotti a déjà donné le ton lors de la dernière plénière du congrès, en présence de Marguerite Cazeneuve, numéro 2 de l'Assurance-maladie, elle-même attentive à prendre le pouls de la profession pendant toute la journée.

Défense de la médecine libérale

Si des aspirations au salariat se font entendre dans la jeune génération, la généraliste de la Goutte d'Or entend bien défendre avant tout l'exercice libéral de la médecine. Selon elle, ce mode d'exercice demeure « la garantie que notre outil de travail nous appartient » face à l'arrivée de centres de soins primaires à but lucratif et alors que les centres de santé municipaux — « même ceux des banlieues rouges » (les anciennes municipalités communistes autour de Paris) — peuvent être « remis en cause par des changements de majorité ».

La généraliste sexagénaire, installée à Paris depuis 30 ans dans une « maison de santé hors les murs », souhaite aussi remettre sur la table une ancienne revendication de MG France : la prise en charge à 100 % par l'Assurance-maladie des soins de médecine générale. « Commençons déjà par les vaccinations obligatoires et les actes de dépistage comme les frottis », a-t-elle suggéré à Marguerite Cazeneuve (Cnam), qui a déjà prévenu de son côté que l'amélioration des indicateurs de prévention et de santé publique serait un des axes forts de la prochaine convention.

Aspirations aux changements

Présidente de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du 18e arrondissement de Paris, la Dr Giannotti a entendu tout au long de ce congrès les interrogations d'une partie de ses confrères sur ce dispositif. « Laissons aux CTPS un peu de temps, un bébé qui naît ne sait pas marcher tout de suite, a-t-elle plaidé. Dans mon arrondissement, la moitié des généralistes participent à la CPTS. Il faut évaluer les réticences de la profession et surtout ne pas imposer de contraintes ou de missions impossibles, sinon on va casser cet outil qui est un outil d'avenir. »

Dynamique et charismatique, la nouvelle présidente de MG France ambitionne en tout cas d'être « la porte-parole des généralistes, de refléter et porter les aspirations aux changements de l'ensemble de la profession » a-t-elle confié au « Quotidien » ce week-end.

Signe d'ouverture, à Dijon, MG France avait invité des représentants d'autres syndicats de médecins libéraux représentatifs (la CSMF, la FMF et Avenir Spé) et d'autres professions : les infirmières de pratique avancée (Unipa), les infirmiers libéraux (FNI), les masseurs-kinésithérapeutes (FFMKR) et les pharmaciens (un atelier commun a eu lieu en duplex avec le congrès de la FSPF). « Il faut qu'on travaille avec l'hôpital et qu'on se parle entre professions car nous avons tous besoin les uns des autres », résume la Dr Giannotti qui incarne la continuité avec son prédécesseur, le Dr Battistoni, chaleureusement ovationné lors de son discours de clôture.

Trio de femmes

Au nouveau bureau du premier syndicat de généralistes, c'est donc un trio de femmes qui sera aux manettes. En effet, la Dr Alice Perrain, ancienne présidente de Reagjir (Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants) et installée en Touraine, prend la suite du Dr Bensoussan et la Dr Margot Bayart, médecin généraliste dans une maison de santé pluridisciplinaire dans le Tarn, devient première vice-présidente. Font aussi leur entrée au bureau de MG France, un ancien président de SNJMG (Syndicat national des jeunes médecins généraliste), le Dr Théophiles Combes, également installé dans le Tarn, ainsi que le Dr Bijane Oroudji, praticien dans une MSP à Saint-Ouen-l'Aumône au Nord-Ouest de Paris.

Cette première présidence féminine de l'histoire de MG France, alors que les femmes sont justement en passe de devenir majoritaires au sein de la profession médicale, fera date. « Ma mère a été la première femme présidente de tribunal en France et j'ai toujours vu des femmes prendre des postes à responsabilité, a raconté la Dr Giannotti au « Quotidien ». Une élection consiste à choisir qui est la personne la plus pertinente à un moment donné d'autant que chez MG France nous travaillons beaucoup en équipe. Mais mon élection signifie aussi que les femmes sont là et actives ».

En 1984, sur les dix généralistes qui avaient fondé, au sein de la CSMF, le Mouvement d'action des généralistes (MAG), il y avait deux femmes : la Dr Jacqueline Valensi, généraliste à Paris, qui avait créé le comité de liaison des femmes médecins ; et la Dr Nicole Renaud, généraliste dans l'Aveyron, qui présida ce mouvement de représentation spécifique de la médecine générale, à l'origine de MG France.


Source : lequotidiendumedecin.fr