Nouveau statut libéral, « simplifier pour gagner plus », cabinet du futur : en campagne électorale, la CSMF se projette

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Publié le 03/03/2021
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Crédit photo : PHANIE

À l'heure où les médecins sont davantage préoccupés par leur mission de vaccination que par l'approche des élections professionnelles, la CSMF entend occuper le terrain à trois semaines de ce scrutin déterminant pour l'audience et la représentativité syndicale. Le président de la centrale polycatégorielle, le Dr Jean-Paul Ortiz, a détaillé ce mercredi les chantiers qu'il souhaite mener pour « redessiner le visage de la médecine libérale ».

Entrepreneur libéral

Si plusieurs propositions avancées étaient déjà connues, elles ont le mérite de donner une perspective aux médecins libéraux, au-delà des revendications catégorielles plus classiques. C'est sur le terrain de la nouveauté que la Conf' entend se démarquer.

La CSMF revendique la mise en place d'un « nouveau statut du médecin libéral », digne de ce nom, différent de celui du praticien salarié, mais procurant des avantages lisibles notamment pour les jeunes. Le Dr Ortiz estime par exemple indispensable d'améliorer la protection sociale en libéral – dont les congés maternité ou les indemnités journalières. Afin de conserver cette revalorisation dans un cadre libéral, il précise que « les indemnités journalières ne peuvent être qu'une aide au fonctionnement du cabinet médical – tout entrepreneur libéral devant faire sa propre affaire d'une assurance complémentaire en fonction des revenus souhaités ».

La retraite doit aussi faire l'objet d'une refondation, y compris pour soutenir fortement la retraite active (les médecins cotisent aujourd'hui à fonds perdu). La CSMF demande que les cotisations sociales soient « strictement proportionnelles au chiffre d'affaires en cumul emploi retraite » pour rendre ce système incitatif. Le syndicat se dit au passage très attaché au système par répartition, sans exclure des « éléments de capitalisation ».  Autre requête : une augmentation immédiate du point ASV, bloqué depuis 2012. « Rien ne bouge », se désole la CSMF, qui alerte aussi sur la sauvegarde des réserves accumulées…

Quatre niveaux de tarifs… pour gagner plus

Côté consultations, le Dr Ortiz relance son idée d'une simplification drastique de la rémunération du médecin grâce à la suppression des lettres clés (complémentaires, modificateurs, etc.) qui s'ajoutent aux actes de base, un maquis tarifaire « dans lequel le médecin se perd et perd de l'argent ». La grille clinique serait ainsi articulée autour de « quatre niveaux »« Quelle que soit sa spécialité, le médecin pourra coter les actes de base, les actes complexes voire très complexes définis par chacune des spécialités grâce au travail du conseil national professionnel correspondant », indique-t-il.

Cette proposition de classification simplifiée des consultations – selon la durée et la complexité – est une revendication ancienne du syndicat. Le patron de la Conf' ne s'avance pas sur le niveau des actes de référence mais il est clair qu'il faut « mettre fin à ces actes, qui sont aujourd'hui à 25 euros pour le généraliste ou 30 euros pour le spécialiste, et qui sont des actes complexes voire très complexes ». Quant à la mise en place d'un espace de liberté tarifaire pour tous les médecins, il reste à négocier dans la future convention.

En route vers le cabinet 2030

Un autre moyen de préparer l'avenir, c'est de construire et d'investir dans le cabinet 2030, un concept imaginé en partenariat avec la maison de l'innovation de la médecine spécialisée (MIMS), hébergée par le syndicat. Le pari consiste à innover sur le plan organisationnel (autour du regroupement systématique, avec du personnel, en matière d'environnement) mais aussi sur le plan technologique et du numérique en santé. « Les spécialités cliniques sont malheureusement très en retard dans ce domaine », déplore le Dr Ortiz. 

Et pour atteindre cet objectif, l'État doit soutenir la démarche de l'innovation avec des prêts bonifiés pour se regrouper ou s'équiper, des aides à l'acquisition d'outils performants et à l'achat de matériel ou des incitations fiscales. Cette organisation new look « donnera à l'entreprise libérale une valeur ajoutée qui permettra au médecin de vendre son cabinet lorsqu'il décidera de partir à la retraite », promet le Dr Ortiz.  

« Ne pas être nocif pour l'environnement »

Dans la compétition électorale enfin, la CSMF veut se démarquer en mettant en avant la problématique de la santé environnementale. Pour la Confédération, le médecin doit être sensibilisé à ces enjeux tout au long de son parcours afin de s'interroger sur « les aspects défavorables » de sa pratique. « Lorsque l'on analyse la problématique des perturbateurs endocriniens, cela tourne autour de déchets issus souvent des médicaments que nous prescrivons (...) Il nous faut aborder cette problématique sans tomber dans une dérive bureaucratique mais en ayant comme souci de ne pas être nocif pour l'environnement dans lequel on vit. » Le cabinet 2030 sera un cabinet vert, martèle le Dr Ortiz. 

En attendant, la CSMF salue le dynamisme des quelque 30 000 médecins libéraux engagés dans la campagne vaccinale. Son président considère au passage que la vaccination par les pharmaciens est « un faux débat ». « Aujourd'hui, il y a un manque de vaccins dans le pays. On a une priorisation sur les patients à risque pour éviter l'engorgement des hôpitaux. Seuls les médecins qui connaissent ces patients peuvent vacciner », recadre le syndicaliste. L'élargissement à d'autres « vaccinateurs » se fera en temps voulu.  


Source : lequotidiendumedecin.fr