À Tours, faute de volontaires et malgré une astreinte à 700 euros, SOS Médecins arrête les gardes en nuit profonde

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Publié le 09/05/2022

Crédit photo : S.Toubon

Depuis le 24 avril, l'association SOS Médecins de Tours n'assure plus la permanence des soins en nuit profonde (c'est-à-dire de minuit à 8 heures), faute d'effectifs. En effet, sur les dix généralistes qui se relayaient en temps plein, deux sont partis en début d'année. À la suite de quoi, « nous avons décidé de nous retirer de ce créneau pour nous concentrer sur la tranche de 20 heures-minuit et le développement des consultations de soins non programmés en journée, indique le Dr Adam Liance, joint par « Le Quotidien ». Nous l'avons explicité à l'ARS, à l'Ordre, au préfet ». Selon le président de la structure tourangelle, l'activité médicale en nuit profonde est relativement « faible ». « Cela peut aller de 0 à 10 visites, ajoute-t-il. Le plus gros concerne surtout les certificats de décès, les gardes à vue ou les consultations en maison d'arrêt. Les demandes de soins de la population représentent environ 3 ou 4 appels. »

Face à une telle situation, le comité départemental de l’aide médicale urgente, de la permanence des soins et des transports sanitaires (Codamups), rassemblant le conseil départemental de l’Ordre, les représentants des médecins libéraux et des services d’urgences s'était réuni en mars et en avril pour réfléchir à une alternative. Le président de l'association SOS médecins explique que celle-ci pourrait revoir « sa position si elle arrive au minimum à combler les deux départs ». En effet, sur demande de la préfecture, l’agence régionale de santé (ARS) Centre Val-de-Loire avait accepté d’augmenter le forfait qui était jusqu'à présent de 180 pour toute la nuit à 400 euros pour la tranche 20h à minuit et à 700 euros pour la tranche minuit - 8 heures. Une offre sur laquelle l’Ordre avait été invité à communiquer auprès des médecins.

Engorgement des urgences

Ainsi, selon le Dr Liance, l'instance ordinale a réalisé deux sondages auprès des médecins du département pour savoir s'ils étaient volontaires pour être effecteurs mobiles sur cette base de rémunération. « Sur l'ensemble des 350 généralistes qui ont répondu aux sondages, quatre seulement étaient partants pour la nuit profonde et 50 pour le début de nuit, rapporte le Dr Liance. L'argent c'est une chose pour débloquer la situation mais cela reste encore insuffisant ». L'augmentation des faits de violence visant dernièrement les médecins de l'association n'a pas été prise en compte par les pouvoirs publics, regrette le président de SOS.

Pour autant, le médecin reconnaît que le retrait de son organisation de la nuit profonde pose un risque d'engorgement des urgences avec des missions administratives comme les certificats de décès ou les gardes à vue. « Il faudrait peut-être prévoir un circuit court aux urgences pour éviter aux forces de police d'attendre », suggère le Dr Liance. 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr