Urgences et soins non programmés : dans le Rhône, le SAS 69 a pris ses marques, libéraux et hospitaliers sur le pont

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Publié le 01/10/2021
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Crédit photo : DR

L’Union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux d’Auvergne-Rhône-Alpes et les Hospices civils de Lyon (HCL) viennent de signer une convention qui officialise la constitution du service d’accès aux soins (SAS) dans le Rhône. 

Le 1er février 2021, ce SAS 69 était déjà le premier des 22 sites pilotes retenus par le ministère à être opérationnel. Il repose sur un partenariat étroit entre les professionnels de l’urgence hospitalière et les médecins libéraux et fédère les acteurs de soins de première ligne de ce territoire, en organisant l’aide médicale urgente et les soins de ville non programmés.

Un décroché en 60 secondes pour 95 % des appels

Le SAS 69 couvre un bassin de population de deux millions d’habitants. « L’avantage est de pouvoir mettre en relation les différents effecteurs de terrain, apprécie le Dr Sylvie Filley-Bernard, anesthésiste, présidente de l’URPS ML Auvergne Rhône-Alpes. Le SAS a un rôle de régulation et de ré-adressage, en identifiant les ressources disponibles pour répondre à une demande de soins non programmés. »

Conçu comme un point d’entrée commun, le SAS 69 entend garantir un décroché et une réponse rapide aux appels – que ce soit pour une aide médicale urgente, une demande d’intervention relevant de la médecine générale ou d’une filière spécialisée. « L’objectif est d’atteindre un décroché en 60 secondes pour 95 % des appels », indique le Pr Karim Tazarourte, chef du SAMU et des urgences à l’hôpital Édouard-Herriot, à Lyon.

Centre anti-poison, lignes psy, numéro suicide…

Avant la mise en place du SAS, « sur dix appels au SAMU, cinq relevaient de la médecine d’urgence et cinq de la médecine générale », précise-t-il, ce qui illustre le potentiel de cette plateforme pour désengorger les urgences. « Nous sommes confrontés de plus en plus souvent à des personnes qui n’ont pas de médecin traitant ou n’ont pas la possibilité de le voir rapidement, ou encore à des demandes de soins non programmés. Il fallait s'organiser afin que les réponses données ne soient pas systématiquement un passage aux urgences. »

Le SAS agrège différents numéros comme le centre anti-poison, les lignes psychiatriques et gériatriques ou le numéro de prévention du suicide qui a ouvert ce vendredi. « Un quart des appels reçus au Centre 15 nécessitent simplement des conseils médicaux, le SAS permet d’alléger les recours à une consultation, ajoute le Dr Filley-Bernard. De plus, les maisons médicales de garde peuvent ainsi bénéficier d’une régulation. »

20 % des appels renvoyés vers les généralistes

En pratique, en cas d’appel au 15 ou à la maison médicale de garde, un assistant de régulation médicale (ARM) prend l’appel et évalue le degré d’urgence. Selon les cas de figure, des secours peuvent être envoyés immédiatement sur place, un second ARM peut prendre le relais pour suivre le dossier et basculer vers les urgentistes ou les généralistes, réunis sur le même plateau.

En fonction de la situation identifiée, un opérateur de soins non programmés – nouvel acteur clé créé par le SAS – peut prendre le relais pour réserver un rendez-vous dans une structure adaptée (SOS Médecins ou médecin de ville). « Nous renvoyons 20 % des appels vers les médecins généralistes en leur demandant de s’organiser pour prévoir des plages de rendez-vous non programmés dans un délai de 48 heures », détaille le Pr Tazarourte, soucieux de « remettre le médecin traitant au cœur de la prise en charge ». Le Dr Filley-Bernard (URPS ML) abonde en ce sens. « Il est important que ce projet soit porté par les libéraux car ils sont acteurs de ce système, souligne-t-elle. Pour le moment, ce sont d’abord les médecins mais nous allons y associer les pharmaciens, infirmiers, kinés et tous les professionnels de santé capables de répondre à une demande de soins non programmés. »

Améliorer la réponse

Depuis la mise en place du SAS 69 en février dernier, le Centre 15 reçoit 1 500 à 1 800 appels par jour (hors pic Covid où les chiffres peuvent monter à 4 000 appels quotidiens). Environ 40 % des appels reçus relèvent aujourd'hui de la médecine d’urgence et 60 % de la médecine générale… « Le SAS n’est pas une plateforme de prise de rendez-vous géante, ni un parcours obligatoire pour les patients, recadre le patron du SAMU. Il est là pour améliorer la réponse apportée à ceux qui ont un problème aigu dont ils n’arrivent pas à gérer la gravité ou qui ne trouvent pas de solution. »

De notre correspondante Anne-Gaëlle Moulun

Source : lequotidiendumedecin.fr