Après avoir écarté les remplaçants de la prise en charge DPC, l’Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) envisagerait de rogner sur l’accès aux formations pédagogiques qui permettent de devenir maître de stage.
Étudiants, jeunes généralistes et enseignants en médecine générale alertent en tout cas sur « une réduction drastique », « à contrecourant des besoins », dans un communiqué commun signé par le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), le regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) et le Syndicat national des enseignants en médecine générale (SNEMG).
Lors d’une réunion, ces organisations ont appris que l’Agence nationale du DPC envisageait sérieusement de limiter la formation à l'encadrement des stagiaires et des internes. « Jusqu'à présent, pour devenir maître de stage, le médecin a l'obligation de réaliser une formation pédagogique initiale, mais il doit ensuite se former tout au long de sa carrière, explique au « Quotidien » le Dr Anas Taha, président du SNEMG. Les formations peuvent par exemple être différentes en fonction d’un encadrement d’étudiant de 2e cycle ou d’un interne. »
Désormais, l’ANDPC ne souhaiterait ouvrir ces enseignements hors quota « qu’une seule et unique fois au cours de l’ensemble de l’exercice professionnel des médecins et se limiterait à dix heures », affirment les organisations. Des formations hors quota, qui s'ajoutent aux forfaits DPC classiques, dont bénéficient chaque praticien. « C’est inacceptable, déplore le Dr Taha. Cela signifie que les médecins qui souhaitent devenir maîtres de stage devront choisir entre des enseignements biomédicaux classiques et des formations pour encadrer des étudiants. »
Communiqué de presse commun @CNGE_France @LeSNEMG @ISNARIMG @ANEMF @ReAGJIR "L’ANDPC envisage une diminution drastique de la formation à l’encadrement des étudiants en médecine, à contre-courant des besoins" @AgenceDPC @olivierveran @VidalFrederique @Sante_Gouv @sup_recherche 1/ pic.twitter.com/HglEG64Uqw
— CNGE (@CNGE_France) November 3, 2021
Dégradation de la formation
La limitation de ces formations pédagogiques relèverait de choix budgétaires, accusent les organisations. « L’ANDPC semble estimer que la formation des étudiants justifie la réalisation d’économies marginales dans son budget », regrettent-elles. Si la décision n’est pas encore tranchée, le projet entraînerait « inéluctablement la dégradation des conditions de formation des étudiants en médecine ». Un « signal très préoccupant », pour le Dr Taha, « au regard des enjeux de la maîtrise de stage ».
De fait, alors que les risques psychosociaux des étudiants et les droits des internes sont au cœur de l’actualité, de même que les violences subies en stage à l'hôpital, ce coup de rabot s’inscrit « en décalage des démarches des étudiants et des enseignants en médecine générale qui s’investissent depuis de nombreuses années pour l’excellence de la formation », se désolent les syndicats. Ils accueillent donc cette nouvelle avec « incompréhension et consternation ».
11 000 médecins formés depuis 2016
En riposte à ce tir de barrage, l’Agence nationale du DPC affirme ce jeudi « qu’elle n’envisage nullement de stopper l’accès à la maîtrise de stage universitaire ». Au contraire, elle fait valoir qu’elle a formé et financé plus de 11 000 médecins à la maîtrise de stage depuis 2016, « pour un budget global de près de 20 millions d’euros ». Cette formation est une « orientation prioritaire de DPC et le restera », plaide l'agence pilote.
Elle précise qu’un arrêté dans les tuyaux fixera les objectifs pédagogiques de ces formations à la maîtrise de stage. « C’est cet objectif et cette ambition que l’ANDPC soutiendra en inscrivant son action dans le cadre de cet arrêté : sélection, référencement et financement des programmes qui y seront conformes et permettront aux étudiants d’être accompagnés efficacement dans leur cursus », recadre l’ANDPC. Pas sûr que cet engagement apaise les vives craintes exprimées par la communauté étudiante et enseignante.
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