Déclaration 2023 des revenus : les dépenses déductibles

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Publié le 17/03/2023
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Après trois articles dédiés aux recettes particulières, voici une série portant sur les dépenses vous permettant de soigner votre déclaration au réel, sur le formulaire fiscal n° 2035.

L’acquisition d’un réfrigérateur pour conserver des produits médicamenteux est déductible

L’acquisition d’un réfrigérateur pour conserver des produits médicamenteux est déductible
Crédit photo : GARO/PHANIE

Nous abordons maintenant une série portant sur les dépenses vous permettant de soigner votre déclaration au réel, sur le formulaire fiscal n° 2035. Gardez à l’esprit qu’une dépense déductible réduit non seulement votre revenu imposable mais aussi l’assiette de vos cotisations sociales, postes de dépenses professionnelles de plus en plus lourd et complexe au fil des décennies. Et méfiez-vous du lieu commun erroné qui dit que « ce que vous ne payez pas en impôt, vous le paieriez en cotisations sociales ou vice-versa ».

Être nécessitée par votre profession

Exemple : l’acquisition d’un réfrigérateur pour conserver des produits médicamenteux (vaccins) est nécessaire à l’exercice de votre profession de médecin généraliste. Mais des pneus neige pour votre véhicule professionnel ne constituent pas une dépense déductible si vous êtes installé à Paris. Encore moins des cartes de publicité déposées dans les boîtes aux lettres de vos « patients » potentiels vantant votre exercice de médecin esthétique car la déontologie vous interdit toute forme de publicité.

Être inévitable

Ce qui exclut les dépenses à caractère :
personnel : manucure, tailleur, costumes, etc., tandis que les blouses médicales et leur entretien constituent bien sûr une dépense professionnelle. Dans cet esprit, vos frais personnels de prothèses auditives ou dentaires sont déductibles à hauteur de 50 % de votre reste à charge (voir QdM n° 9962).
somptuaire (exagéré) : déduire par exemple, même de manière fractionnée sur plusieurs années, l’acquisition en 2022 de l’édition originale datant de 1895 d’un ouvrage célébrissime de traitement des maladies courantes pour un prix (de collectionneur) de 2 850 €. Bien que « professionnelle », ce serait à la fois évitable, personnel et somptuaire.

Concourir à l’acquisition, la conservation ou l’amélioration de votre revenu professionnel réalisé sur le territoire français 

Ce vaste critère ne devient justifié souvent qu’après coup. Prudence donc, mais il offre des perspectives de déduction intéressantes. Exemple : vous suivez une formation professionnelle très coûteuse, y compris à l’étranger, en vue de vous orienter vers la médecine anti-âge ou un MBA en administration pour une future gestion en MSP ; cette dépense importante est intégralement déductible, en la répartissant au besoin sur plusieurs années consécutives car cet investissement professionnel est destiné à être rentabilisé durant de nombreuses années après l’obtention de votre titre de docteur en médecine. Et en prime, il est possible qu’elle puisse entrer dans les conditions d’obtention du crédit d’impôt formation des chefs d’entreprise (doublé en 2022 et 2023).

Être payée au cours de l’année d’imposition 

Attention à cette règle absolue qui admet quelques rares exceptions, notamment par souci de simplification fiscale en cas de début ou de cessation d’activité, et bien entendu celle de son amortissement comptable obligé défini en fin d’article. Notez qu’elle présente un avantage majeur pour un fin gestionnaire : déduire de très importantes dépenses non amortissables sans lien avec l’année en cours, comme par exemple des cotisations sociales payées très en retard, ou encore en avance.

Être déduite pour son montant réel 

Les « pots-de-vin » et les ristournes occultes sont a priori interdits bien que… parfois pratiqués par les fournisseurs de matériel des médecins. Attention à la pratique très développée des « cadeaux » commerciaux adjoints à l’acquisition de produits professionnels (draps d’examen par exemple) ou d’offres conjointes (draps + tablette informatique ou smartphone par exemple). Le fisc y voit une part non déductible.

Être justifiée par une facture

Un talon de chèque, un ticket de caisse ou un relevé de carte bleue ne constituent pas un justificatif comptable accepté par l’administration fiscale. Aussi prenez l’habitude d’exiger de vos fournisseurs des factures en bonne et due forme. Les justificatifs doivent être gardés six ans et classés par ordre prioritairement chronologique. Et depuis le 1er janvier 2013, si vous tenez votre comptabilité libérale sur informatique par le biais d’un logiciel, chaque justificatif comptable doit porter sans exception une référence unique (numéro de pièce comptable). Par contre, si vous tenez votre comptabilité par un autre moyen (sur papier à l’ancienne), vous échappez à cette obligation. Par exception, seules certaines petites dépenses en rapport avec l’exercice de la profession (pourboires, frais de stationnement) peuvent être comptabilisées sans justificatif. D’autres, les frais de blanchissage par exemple, peuvent être estimés.

Ne pas être amortissable

Toutes les dépenses concernant des prestations de service de toute nature ou de fournitures sont déductibles selon les critères listés ci-dessus. En revanche, l’acquisition de biens professionnels (exemples : mobilier, équipement professionnel, patientèle depuis le 1er janvier 2022, voir QdM 9972) impose une règle comptable fort différente : tous les biens professionnels d’un montant unitaire supérieur à 600 € TTC sont amortissables sur plusieurs années. Leur prix d’achat est déductible de manière fractionnée sur toute leur durée présumée d’utilisation, sauf la patientèle qui l’est arbitrairement sur 10 ans.

 

Pascal Lamperti
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Source : Le Quotidien du médecin