« Main aux fesses », « palpations des seins inadaptée », « pouce sur le clitoris » : le Parquet a requis mardi trois ans de prison avec sursis et cinq ans d'interdiction d'exercer contre un médecin généraliste jugé pour des agressions sexuelles sur quatre patientes.
Le praticien n'est pas un prédateur mais « quelqu'un de familier, dans une trop grande proximité », ce qui peut aller jusqu'au « basculement, par opportunité », a estimé le procureur. À la barre, le prévenu de 61 ans a nié toute agression, mais reconnu de possibles comportements déplacés. « La société évolue, certains gestes peuvent être considérés comme trop familiers, aujourd'hui », a-t-il indiqué.
Silhouette frêle sous un carré plongeant violet, une des victimes, alors âgée d'une vingtaine d'années, a témoigné d'un « comportement déplacé » pendant des mois. « Mais il m'a masturbé le clitoris, et m'a demandé "je te fais du bien ?". Là, c'était plus possible », ajoute-t-elle.
Ce jour de 2015, quand elle se rend chez lui pour un certificat après des violences conjugales, il la regarde se déshabiller, puis « passe sa main le long de son dos, de sa fesse », avant d'observer ses hématomes, décrit-elle dans sa plainte. De manière « injustifiée », il lui demande d'enlever son soutien-gorge, palpe ses seins, et parce qu'elle a récemment eu une grossesse extra-utérine, « insiste » pour vérifier les ovaires, par un toucher vaginal. « Il a posé son pouce sur mon clitoris, et il a frotté », racontera-t-elle.
« Cocotte », « ma puce »
Sur 200 ex-patientes contactées, trois autres portent plainte pour des agressions sexuelles entre 2015 et 2017. Une dizaine évoqueront des comportements déplacés. « En m'accompagnant à la porte, il me passait la main dans le dos, jusqu'aux fesses », témoigneront plusieurs femmes. Selon l'enquête, le médecin appelle ses patientes « cocotte » ou « ma puce », fait la bise, caresse les cheveux ou complimente la poitrine de certaines. Sur quatre plaignantes, deux sont absentes, l'une d'elles n'ayant « jamais répondu aux convocations », a rappelé le président.
Une deuxième victime, 36 ans au moment des faits, a, elle, dénoncé mardi des « mains dans la culotte », des attouchements à la poitrine, aux fesses et au niveau du clitoris. Elle assure avoir un jour « senti une érection » dans son dos. « C'est faux », réplique le médecin. « Elles le ressentent comme ça, mais la palpation fait partie des examens pour certaines pathologies », explique celui qui est interdit d'exercer depuis son contrôle judiciaire en 2017.
L'avocate de l'Ordre des médecins a estimé mardi qu'il était « difficile » de déterminer la limite entre « mauvaise pratique médicale, familiarité voire grossièreté, et gestes délictuels ».
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