Un médecin allemand développe son vaccin et l'inocule à ses patients pour « gagner du temps » face à la pandémie

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Publié le 26/02/2021
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Crédit photo : Phanie

Un médecin allemand, le Dr Winfried Stöcker, 73 ans, est poursuivi par la justice de son pays pour s'être inoculé un vaccin contre le Covid, ainsi qu'aux membres de sa famille et à une soixantaine de personnes. Seul problème : il s'agit d'un vaccin qu'il a développé lui-même et pour lequel il n'a jamais demandé ni reçu l'aval des autorités de santé allemandes.

Le vaccin en question est dit « inactivé », sans agent infectieux vivant, et conçu à partir d'une protéine recombinante basée sur un antigène, explique « Sciences et Avenir ». Il se l'est injecté en mars 2020 « par voie intramusculaire à plusieurs reprises, en même temps que de l'aluminium comme adjuvant ». Il a pu ensuite tester la présence d'anticorps spécifiques et leur capacité à neutraliser le SARS-CoV-2 dans une culture de cellules virales. Début mai 2020, il a ainsi déclaré dans la presse allemande être « immunisé » contre le coronavirus.

Lourdeur bureaucratique

Sa poursuite en justice fait suite à une plainte de l'Institut Paul-Ehrlich, rattaché au ministère allemand de la Santé et qui réglemente les vaccins et les médicaments. Le médecin avait contacté l'institut pour avoir l'autorisation de reproduire son expérience auprès d'un plus grand nombre de personnes volontaires. Ce dernier a estimé qu'il y avait « suspicion d'activité criminelle », car l'étude clinique aurait été menée avec un médicament expérimental sans autorisation, en violation de la loi allemande sur les médicaments.

Malgré cette plainte, le Dr Stöcker n'entend pas abandonner sa méthode pour autant. Il se justifie sur son blog en disant avoir voulu « gagner du temps » en évitant de demander l'approbation officielle. « On ne peut pas perdre deux années à attendre de lever les derniers doutes sur d'éventuels effets secondaires, comme c'est le cas pour d'autres vaccins, il faut agir rapidement », écrit le médecin, reprochant à la bureaucratie sa « lourdeur » et convaincu de l'efficacité de son vaccin.

Son avocat parle de son côté « d'essais thérapeutiques individuels », sans nécessité d'autorisation de fabrication pour l'antigène à la base du vaccin, le médecin s'étant administré la substance seulement à lui-même et à des patients volontaires, informés au préalable.


Source : lequotidiendumedecin.fr