Mort du Dr Michel Combier, militant de la médecine générale, ancien pilier de la CSMF

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Publié le 10/05/2023
Michel Combier lors d'une réunion conventionnelle à la Cnam le 9 juillet 2002 en compagnie de (gauche à droite) Pierre Costes, Jean-Gabriel Brun et Michel Chassang

Michel Combier lors d'une réunion conventionnelle à la Cnam le 9 juillet 2002 en compagnie de (gauche à droite) Pierre Costes, Jean-Gabriel Brun et Michel Chassang
Crédit photo : S.Toubon

C'est une nouvelle triste pour le monde de la médecine générale et pour la CSMF dont il fut longtemps une figure syndicale familière et un pilier. Le Dr Michel Combier, 69 ans, ancien président de la branche généraliste de la centrale confédérale, est décédé chez lui, mardi soir, entouré de sa femme Christine et de sa fille Virginie, à la suite d'une longue maladie.

C'est l'ex-président de la CSMF Michel Chassang, un des plus proches et anciens compagnons de route de Michel Combier – comme « pions » d'abord, puis lors de leurs études de médecine à Toulouse dans les années 70 jusqu'aux combats syndicaux dans les années 90 et 2000 – qui a annoncé l'information sur Twitter en saluant « un homme droit, loyal, militant engagé, dévoué, ami et complice depuis 1975. »

Autre ancien président de la CSMF, le Dr Jean Paul Ortiz, lui a également rendu hommage, saluant un « exemple d'abnégation et de dévouement ». 

C'est en 1981 que Michel Combier obtient sa thèse de doctorat de médecine générale à la faculté de Purpan (Toulouse), avant son installation cette même année dans la ville rose à laquelle il restera toujours fidèle. Mais c'est seulement une quinzaine d'années plus tard que le médecin de famille, homme jovial et  fan inconditionnel de rugby, décidera de se lancer dans le combat syndical au sein de la CSMF dont il gravira les échelons – élu dès 1998 président du Syndicat des médecins de la Haute-Garonne, puis au comité directeur de l’Union nationale des omnipraticiens français (Unof, branche généraliste de la Conf') et au poste de secrétaire général adjoint.

De toutes les luttes, dans un contexte difficile

Au mitan et surtout à la fin des années 90, il fait ainsi partie des cadres confédérés qui bataillent contre les effets du plan Juppé et les lettres clés flottantes de Martine Aubry, puis se mobilisent pour la hausse du C à 20 euros et la fin des gardes obligatoires au printemps 2002.

Généraliste de terrain et syndicaliste au franc-parler, c'est naturellement qu'il présidera pendant une bonne dizaine d'années (avril 2002-2013) la branche généraliste de la CSMF (qui s'appelait toujours l'Unof) – succédant précisément à son ami Michel Chassang – dans une période marquée par la négociation des conventions de 2005 (médecin traitant et parcours de soins) et de 2011 (généralisation de la rémunération sur objectifs de santé publique). Fin 2009, il s'était farouchement opposé à la campagne de vaccination contre la grippe H1N1 dans les « vaccinodromes » de Roselyne Bachelot.

Inlassable défenseur de la médecine générale libérale dans un contexte difficile, habile à négocier, le praticien toulousain avait quitté discrètement la scène syndicale à 60 ans (un peu avant la fin de son troisième mandat), en octobre 2013. « Je pars car c’est le bon moment, nous confiait-il. Quand je regarde en arrière, je me dis que nous avons fait bouger les choses avec un exercice plus orienté sur les questions de santé publique, la mise en place de la rémunération sur objectifs et la hausse des honoraires en restant sur un paiement prépondérant à l’acte. » Sa fierté ? Avoir contribué à instaurer le médecin traitant dans la convention de 2005, « sans en avoir fait le gendarme d’un système à l’anglaise qui flèche l’accès aux spécialistes ». Son ami Michel Chassang, joint ce mercredi, insiste sur son caractère « fin, imaginatif, constructif et non pas conservateur » face aux grandes mutations de l'exercice médical libéral.  

Engagement exemplaire

À la tête des généralistes de la CSMF, il avait alors transmis le flambeau à une nouvelle équipe, toujours dirigée depuis par le Dr Luc Duquesnel, généraliste mayennais. Quelques semaines après ce passage de témoin, la CSMF avait rendu hommage au Dr Combier en lui remettant la médaille confédérale, distinction honorifique, pour remercier son engagement syndical « exemplaire et unique ».

Un engagement qui s'était d'ailleurs étendu à l'ensemble des libéraux, que ce soit au sein de l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) ou du Centre national des professions de santé (CNPS). Au début des années 2000, il avait aussi été membre titulaire de la commission de la nomenclature des actes professionnels, puis président de l’URML Midi-Pyrénées. En 2014, le Dr Michel Combier avait reçu des mains de Marisol Touraine les insignes de chevalier de la Légion d’honneur.  

Un élu de terrain, pas hors sol

Le Dr William Joubert, actuel président de l’UNPS, joint ce mercredi par « Le Quotidien » n'a pas oublié « sa faconde, son accent toulousain, agréable et rocailleux. C’était un passionné de rugby et un mec bien, un vrai élu de terrain, il n’était pas hors sol. Il avait un respect sincère des vraies valeurs. » Avec lui, ajoute-t-il, « les discussions étaient franches et souvent constructives. On a réussi pendant toute cette période-là, lorsqu’il était à la tête de l’Unof et lorsque j’étais secrétaire général du SML à trouver des points d’entente et à nous retrouver sur des positions communes ».

Président d'honneur de la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Jean-Paul Hamon a lui aussi salué la mémoire de ce « militant engagé » dans la défense de la médecine générale. 

« Le Quotidien » s'associe à la peine de sa famille et de ses proches à qui nous présentons nos condoléances. Ses obsèques seront célébrées mardi 16 mai, à 10h30, à la basilique Saint-Sernin de Toulouse.


Source : lequotidiendumedecin.fr