Le Grand Pic Saint-Loup, près de Montpellier

En Languedoc, de vignes en oliviers

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Publié le 08/07/2022
Tout près de Montpellier, ce territoire de villages et de pointes calcaires séduira les amoureux de nature et de terroir sudistes. De garrigues en vallées fraîches, de vignes en champs d’oliviers, le Grand Pic Saint-Loup est un précipité d’esprit méditerranéen.
Le Pic, 658 m, et les vignes

Le Pic, 658 m, et les vignes
Crédit photo : PHOTOS PHILIPPE BOURGET

C’est un îlot préservé de l’arc méditerranéen. Une entité géographique d’une trentaine de communes au nord de Montpellier, dont l’intérêt dépasse celui des vins du Pic Saint-Loup, AOP réputée pour ses rouges charnus et ensoleillés. Connu des Montpelliérains, le territoire est certes fréquenté assidûment par les amateurs de vins, qui papillonnent de domaine en domaine, mais c'est aussi une excellente idée d’escapade en court séjour.

On s’y rendra d’abord pour son phare montagneux, le très acéré Pic Saint-Loup. Dans ce pays de falaises et de plateaux calcaires au climat influencé par les Cévennes, le pic dressé à 658 m d’altitude forme un vrai totem. Depuis Cazevieille, l’ascension par un chemin facile via son versant sud-ouest conduit en 1 h 15 jusqu’au sommet. Une belle montée à travers une végétation sèche de chênes blancs et verts, de salsepareilles, de cades, de pistachiers sauvages et de garances voyageuses

L’emblématique balade accomplie, il est temps d’arpenter sites et villages. Et puisque le vin est le mantra de ce pays ensoleillé, cap sur l’un des 75 domaines particuliers du territoire. À Vacquières, le Château de Lascaux n’est pas préhistorique mais peu s’en faut. La famille Cavalier est la 15e génération à la tête de cette exploitation d’aujourd’hui 85 ha, née au milieu du XVIe siècle. Rouges, rosés et blancs profitent ici du climat méditerranéen, tempéré par la pluviométrie cévenole. Si l’on aime tant le vin qu’on ne peut s’empêcher d’en connaître l’histoire locale, il faut s’échapper en compagnie de Noëlle Bardou. Cette guide œnotouristique emmène ses clients gambader dans la garrigue avant de sortir du sac, tel un cadeau rafraîchissant, un échantillon représentatif des vins du cru, à des fins de dégustation commentée. Le Chemin des Rêves, la Tour de Baulx, le Domaine de la Perrière, le Domaine de la Jasse, le Château de Lancyre, le goût est sollicité… mais le retour sera plus difficile.

Le Grand Pic Saint-Loup brille aussi par ses oliviers. La preuve avec le Domaine de l’Oulivie, à Combaillaux. Pierre Vialla, le maître des lieux et guide paysan, embarque ses convives sur la remorque de son tracteur pour faire découvrir ses plantations d’oliviers et son concept de « forêt comestible », une agriculture intelligente mêlant, sous les arbres, plantations d’amandiers, pêchers, mûriers, fraisiers, framboisiers… Une exploitation bio et vertueuse en prise directe avec la transition écologique.

Le territoire se conjugue également avec la découverte de traditions ancestrales. Ici, au XVe siècle, s’est appliquée la Charte de Sommières. Étendu à tout un pan du Languedoc, ce droit de souffler le verre accordé aux seuls gentilshommes locaux a fécondé une activité prospère. Du bois, de la chaux, du sable siliceux, il n’en fallait pas plus pour que les nobles du territoire développent une expertise verrière, révélée de nos jours par la Halle du Verre, à Claret. Sur ce site muséal, l’histoire de l’art verrier en Méditerranée occitane est révélée. Elle est illustrée par des expositions permanentes et temporaires de qualité et par des démonstrations de soufflage proposées en saison estivale.

L’ouest du territoire prend un tour plus sauvage. De Saint-Martin-de-Londres, bourg central avec ses 3 000 habitants, ses remparts, ses couverts (passage sous arcades) et son animation bistrotière, la D122 plonge dans la vallée de l’Hérault. Changement de décor ! À l’âpreté du terroir calcaire succède le verdoyant et profond sillon du fleuve, ondulant au bas de croupes boisées. Un terrain propice à la pratique du canoë-kayak, que l’on peut emprunter pour dévaler jusqu’à Saint-Guilhem-le-Désert, village majeur du tourisme languedocien. De Brissac à Saint-Jean-de-Fos, ce secteur des gorges de l’Hérault est classé Grand Site de France.

Plus à l’ouest surgit la Buèges. Cet affluent de l’Hérault révèle une vallée secrète où trône le village de Saint-Jean-de-Buèges, écrin de pierres dorées dominées par un château médiéval, sur fond de versants calcaires à garrigues. Sans doute la plus belle surprise de ce territoire, une principauté occitane singulière et franche située à deux pas de l’exaltée Montpellier.

Philippe Bourget

Source : Le Quotidien du médecin