De nombreuses études ont déjà montré une augmentation du risque de thrombose veineuse profonde et d’embolie pulmonaire chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PR) active. Menée sur 46 311 sujets atteints de PR, une étude suédoise (1) vient de confirmer qu'en cas d'activité élevée de la maladie, un patient sur cent développera une thromboembolie veineuse en un an, soit une augmentation de plus du double par rapport aux patients en rémission. Des études observationnelles permettent de préciser quelques facteurs associés à ce sur-risque.
Réduction du risque de thrombose veineuse sous anti-TNF
Une étude (2) a été réalisée à partir des données issues du registre allemand RABBIT. L’objectif était de comparer le risque thromboembolique en fonction des traitements, anti-TNF et autres biothérapies (abatacept, rituximab, sarilumab, tocilizumab) par rapport à un traitement de fond conventionnel synthétique (csDMARD). L’analyse a porté sur 11 094 patients PR ayant commencé le traitement biologique. Parmi eux, 3 500 étaient sous csDMARDs, 5 060 sous anti-TNF et 2 534 sous autres biothérapies. Les résultats ont montré, par rapport aux patients sous csDMARDs, une diminution de près de la moitié du risque de thrombose veineuse (HR = 0,53, IC 95 % 0,33-0,86) sous anti-TNF, alors que la réduction du risque n’était pas significative avec les autres biologiques (HR = 0,66, IC 95 % 0,40-1,06). Ces données sont importantes à prendre en compte, en particulier à cette époque de pandémie de Covid-19.
Effet protecteur du méthotrexate dans la PID
L'atteinte pulmonaire interstitielle est l’un des plus fréquents troubles extra-articulaires de la PR (environ 30 % des patients). Parmi les facteurs de risque connus, on trouve le sexe masculin, le tabagisme, le début tardif et l’activité de la PR, ainsi qu’un facteur génétique. L’administration de méthotrexate (MTX) est associée au risque de développement de pneumopathies d’hypersensibilité et de manière plus controversée, à l’apparition de pneumopathies interstitielles diffuses (PID).
Une première étude française, comparant 100 patients PR avec PID à 165 patients sans PID a été répliquée dans cinq autres pays (Brésil, Italie, Mexique, États-Unis, Royaume-Uni). Au total, l’analyse de l’ensemble de ces cohortes (3) a porté sur 482 patients PR avec PID comparées à 741 patients sans PID. Une corrélation inversement significative entre la prise de MTX et le développement d’une PID (OD = 0,41, IC 95 % 0,27-0,63 ; p < 0,0001) a été mise en évidence. Dans le groupe PR avec PID, l’utilisation du MTX était associée à une survenue plus tardive de la PID (11,5 ± 10,6 versus 3,7 ± 7,1 années après le début de la PR, p < 0,0001). Ainsi, selon cette étude, le MTX n’est pas un facteur de risque de PID et pourrait même avoir un effet protecteur. Ces résultats ont été confirmés par une étude danoise (4), à partir du registre DANBIO, qui a identifié 30 512 patients PR dont 60 % ont été traités par MTX et 35 % par salazopyrine. Après un suivi de cinq ans, le MTX n’apparaissait pas associé à un risque plus élevé de PID.
(1) Molander V. et al. Abstr OP0034
(2) Schaefer M. et al. Abstr OP0012
(3) Juge P.A. et al. Abstr OP0036
(4) Ibfelt H. et al. Abstr OP0232
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