Les Shadocks avaient pour habitude de pomper, sans cesse, sans raison apparente et même sans la moindre notion de l’efficacité de cette mesure. Cette image de l'absurde et du travail inutile se voulait un reflet d’une certaine bureaucratie « à la française », où les actions seraient déconnectées du réel. Heureusement, ceci n’est que fiction.
Jamais, au grand jamais, nous ne serions confrontés à de tels agissements dans notre beau pays. Jamais nous n’aurions une Assurance-maladie qui nous demanderait, pour mieux contrôler la prescription d’antalgiques de pallier 2, de prescrire sur une ordonnance sécurisée en toutes lettres, entraînant de facto un temps de rédaction supplémentaire aux médecins français, plutôt que de renforcer ses contrôles sur les mésusages et les prescriptions dépassant les doses mensuelles recommandées.
Jamais, au grand jamais, nous ne serions confrontés à une forme de délire administratif, qui voudrait que toutes les ordonnances soient rédigées au format numérique, nécessitant au minimum trois à quatre clics de souris supplémentaires, pour ensuite imprimer ladite ordonnance numérique au format papier, faisant figurer un QRCode qui ne sera finalement que peu, voire pas utilisé, en officine. Bien heureusement, nous avons su nous prémunir de cette fiction shadockienne.
Peu importent les conséquences ?
Les Shadocks suivaient des principes illogiques et incohérents, en les appliquant toujours consciencieusement et aveuglément, peu importe les conséquences, quitte à ce que ces décisions prises sans réflexion puissent mener à des situations absurdes. Là encore, la fiction n’a heureusement pas rattrapé la réalité. Nous ne vivons pas dans un magnifique pays où les pouvoirs publics successifs auraient imposé une réduction du nombre de médecins à la fin des années 1990, alors que tout le monde tirait la sonnette d’alarme sur la catastrophe démographique qui serait vraisemblablement la nôtre dans les années 2020. Heureusement, nous avons pu échapper au pire.
Imaginez si ces pouvoirs publics qui s’étaient émus de cette crise démographique demandaient toujours plus de certificats absurdes, sans même savoir à quoi ces certificats allaient bien pouvoir servir
Imaginez si, en plus de cela, ces mêmes pouvoirs publics qui s’étaient émus de cette crise démographique, tout demandaient toujours plus de certificats absurdes, consommateurs de temps médical à outrance, sans même savoir à quoi ces certificats allaient bien pouvoir servir, ni même s’ils allaient avoir la moindre valeur médico-légale. Lorsqu’il s’agit, par exemple, de certifier qu’un enfant est bien apte à rentrer en crèche alors que le même enfant n’en aura pas besoin pour rentrer à l’école.
Le slogan des Shadocks, était « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? », preuve que dans leur monde, une solution simple et efficace était le plus souvent évitée, car elle aurait mis à mal les préceptes énoncés ci-dessus. Une fois encore, et c’est bien heureux, il ne s’agissait que de fiction. Imaginez si nous avions un beau pays comme la France, dont les édiles auraient instauré comme possibilité un partage de tâches et une délégation entre professionnels de santé sans réfléchir correctement avec l’ensemble du parcours de soins. Imaginez, par exemple, des tests de dépistage des angines réalisés en pharmacie, pour lesquels les pharmaciens pourraient délivrer un traitement, dans le but de soulager un peu le planning des médecins environnants. Mais ces mêmes patients devraient malgré tout aller consulter ces mêmes médecins afin d’obtenir un arrêt de travail de moins de trois jours si les symptômes associés empêchaient le patient d’exercer son activité professionnelle.
La réalité a-t-elle dépassé la fiction ?
Les Shadocks étaient dirigés par un gouvernement très rigide et hiérarchique, avec des figures autoritaires imposant des règles sans jamais les remettre en question. Nous avons été protégés de ce phénomène qui n’est bien resté qu’une fiction. Jamais on n’a vu, et jamais on ne verra en France des représentants du Peuple déconnectés de la réalité du terrain, imposant toujours plus de normes, y compris d’accessibilité de certains cabinets médicaux en plein centre des grandes villes, alors que ces mêmes travaux de mise en conformité seraient, au mieux, impossibles, au pire, un gouffre financier sans nom. Nous avons, sans savoir par quelle bénédiction, échappé à une réforme du deuxième cycle des études de médecine qui aurait pu être imposée sans évaluation d’impact a priori. Imaginez, sinon, ce qui aurait pu se passer. Nous aurions pu avoir une rentrée universitaire avec moins de professionnels arrivant dans les structures de soins que les années précédentes, là où les besoins réels seraient d’en former au moins un tiers de plus…
En somme, les Shadocks étaient un moyen pour Jacques Rouxel de se moquer des dérives d’une bureaucratie tellement imaginaire, en montrant les absurdités d'un système où l'inefficacité, la complexité inutile et l'absence de résultats concrets semblaient être la norme…
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