Éditorial

Le plafonnement, à quel prix !

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Publié le 31/03/2023
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Cette fois-ci, le texte s’appliquera… Près de dix ans après les propositions du jeune député Olivier Véran, l’intérim médical s’apprête à voir ses tarifs plafonnés. Après de multiples tergiversations législatives, l’article 33 de la loi Rist de 2021 entre en application le 3 avril pour encadrer les montants des rémunérations des médecins intérimaires et en finir avec les dérives du mercenariat.

Pourtant, jusqu’au dernier moment, le bras de fer s'est poursuivi. Le Syndicat national des médecins remplaçants hospitaliers (SNMRH) est remonté au créneau, exigeant l’abrogation totale d'un texte qui « promet de diviser notre salaire horaire par deux », écrit-il dans une lettre ouverte aux élus. Son président, le Dr Éric Reboli, avertit dans nos pages : « Nous allons refuser toutes les missions à partir d’avril », estimant que le mot d’ordre pourrait être suivi par 90 % des quelque 10 000 médecins intérimaires. Le syndicat a affirmé que 107 services seraient menacés de fermeture imminente, selon une estimation du 23 mars à partir des heures de travail et des plannings de ses adhérents.

En début de semaine, François Braun – qui avait affiché sa fermeté dans ses vœux aux soignants en janvier – a lâché du lest, accordant une hausse de près de 20 % au plafond initialement prévu de l'intérim médical. Le montant maximum passera de 1 170 à 1 390 euros brut pour 24 heures. Le ministre a également fait un geste vers les praticiens hospitaliers en poste en ouvrant la possibilité aux agences régionales de santé (ARS) d’augmenter de 30 % la prime de solidarité territoriale.

Car l'objectif du gouvernement est bien de donner envie aux PH de rester à l'hôpital public, voire d'y revenir durablement, ce qui ne sera pas chose aisée au vu du contexte actuel. Une enquête intersyndicale montre ainsi que la première motivation des intérimaires ne serait pas financière. Juste décompte du temps de travail, renforcement des équipes, valorisation de la pénibilité, gouvernance : c'est l’attractivité – sous toutes ses formes –  des carrières médicales hospitalières qui est aujourd'hui en cause. Pour répondre à cet enjeu, le ministre a promis d’y attribuer le milliard et demi d’euros des surcoûts liés à l’intérim médical. 

Mais en attendant, les prochaines semaines s’annoncent tendues dans les services hospitaliers. La déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF), Zaynab Riet, parle d’un « cap difficile ». Le président de ce lobby hospitalier, Arnaud Robinet, appelle à envisager toutes les solutions pour garantir l’accès aux soins, « y compris le recours aux réquisitions en cas de blocage majeur ».


Source : Le Quotidien du médecin