Avec une démographie médicale en berne, les pressions des politiques et des patients s’accentuent pour accélérer les délégations de tâches et transferts de compétences mobilisant d’autres professions de santé. Après le déploiement des infirmières Asalée, de la pratique avancée (IPA) et de nouvelles attributions comme la vaccination, l’Ordre et les syndicats infirmiers militent pour aller beaucoup plus loin, bénéficiant d’une écoute attentive des élus.
Rien qu’en 2023, les parlementaires se sont accordés sur le principe d’accès direct et de primo-prescription des IPA à travers la loi Rist, sans oublier la création du statut d’« infirmier référent » dans la loi sur l’accès aux soins portée par Frédéric Valletoux. Ce dernier entend aujourd’hui faire bouger les lignes sur les missions de cette profession paramédicale. L’ancien ministre délégué de la Santé a déposé une proposition de loi dans laquelle il grave dans le marbre une « consultation infirmière », en lien direct avec un diagnostic et une prescription. Une stratégie qu’il défend dans le Quotidien comme « un élément fort de reconnaissance de ce métier, au côté des médecins, dans un système de soins qui fait davantage de place aux délégations de tâches et à des complémentarités plus fortes ».
La démographie médicale n’est pas vouée à diminuer indéfiniment
Mais justement, parle-t-on vraiment de délégations de tâches, en concertation avec les médecins ? Ou s’agit-il, pour combler la pénurie médicale, de transferts de compétences hors de tout cadre négocié ? Une enquête de la MACSF de mai 2023 a montré que deux tiers des médecins étaient favorables aux délégations de tâches aux infirmiers mais ils étaient tout autant à s’opposer à des transferts subis, notamment sur la prescription de médicaments (76 %) ou le renouvellement d’ordonnances (64 %). Face à ce mouvement, le Dr François Arnault, président de l’Ordre des médecins, alertait en novembre sur la qualité des soins et la responsabilité des acteurs : « Le médecin doit rester la garantie pour le patient que le juste soin lui sera prodigué et que sa sécurité sera préservée ».
Sans oublier que les transferts à la hussarde portés par les élus pour répondre à la pression de leurs administrés sur l’accès aux soins ne doivent pas empêcher une vision à moyen et long terme du périmètre des professions médicales. La démographie n’est pas vouée à diminuer indéfiniment, l’inversion de la courbe étant attendue à partir de 2027 selon les projections du ministère de la Santé. Si tant est que le métier reste attractif pour les jeunes générations.
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