La dengue première cause de fièvre du voyageur

La dengue est, avec la grippe, le virus le plus répandu dans le monde. En l’espace de deux décennies, elle a augmenté de manière exponentielle puisqu’on estime à 300 000 millions le nombre de personnes atteintes chaque année. Le territoire du virus s’étend, de plus en plus de pays sont touchés ; son vecteur – Ædes aegypti surtout, et Ædes albopictus – se répand en dehors d e la zone intertropicale. On le retrouve ainsi dans cinquante départements français et, même s’il n’y a pas d’épidémie en métropole, quelques cas ont été recensés dans le sud de la France.

Le territoire ultramarin le plus touché est La Réunion, où on est passé de 10-20 cas par an à 70 000, ces deux dernières années. C'est donc une réelle épidémie. Ce qui ne manque pas d’inquiéter actuellement, car l’été austral est une époque favorable à la pullulation des moustiques. Avec les épidémies qui se déclarent en Polynésie, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane, etc., c’est un problème qui devient mondial.

Actuellement, chez une personne qui revient d’un voyage d'une zone intertropicale, la première cause de fièvre n’est plus le paludisme, mais la dengue. Les formes graves sont rares, mais le nombre de personnes atteintes a des conséquences importantes sur la société ; ainsi, à la Réunion, l’épidémie de 2019 a désorganisé complètement les structures sanitaires du sud de l’île. « La dengue frappe à la porte de la métropole, et tout est réuni pour avoir un jour une épidémie de grande ampleur en France métropolitaine, explique le Pr Xavier Combes (CHU Saint Denis de la Réunion). Il faut y penser non seulement pour poser le diagnostic d’une fièvre, mais aussi pour prendre des précautions afin que le patient ne se fasse pas piquer par un moustique qui sera susceptible de véhiculer le virus et donc de provoquer une épidémie ».

Entretien avec le Pr Xavier Combes, SAMU 974/médecine d'urgence, CHU Saint Denis de la Réunion
(1) Atelier 2. Pathologies de bord de mer et du voyageur