Que révèlent les données publiées par Santé publique France mi-février sur la participation au dépistage organisé ?
Après une phase de montée en charge entre 2004 et 2008, puis une phase de stabilisation entre 2008 et 2012, le taux de participation a légèrement diminué ces dernières années et atteint 50,1 % en 2016. Si on ajoute environ 10-15 % au titre du dépistage individuel, on arrive au chiffre de 60-65 % de femmes dépistées, ce qui est un peu en deçà des objectifs fixés au niveau européen (75 %). Cependant, il ne s’agit pas de dire qu'il s'agit de « mauvais » chiffres, ils sont d’ailleurs bien supérieurs à ceux observés pour le dépistage du cancer colorectal.
Comment expliquez-vous ces données ?
Plusieurs raisons expliquent que certaines femmes hésitent encore à participer : personnes asymptomatiques qui ne se sentent donc pas concernées ; défiance envers les politiques publiques ; questionnements sur l’examen en tant que tel, sur son impact sur la santé…. Les explications sont diverses et doivent être entendues par les organisateurs du PNDOCS. C’est d’ailleurs pour cela que, suite à la consultation citoyenne et scientifique réalisée en 2016, le ministère de la Santé et l’INCa ont signé en avril 2017 un « Plan d’action pour la rénovation du dépistage organisé du cancer du sein », avec la volonté de revisiter ce programme en profondeur. Quatre grands axes de travail avaient été identifiés : l’information, la qualité, la réduction des inégalités et la technologie.
Quelle est la place du médecin généraliste dans ce dispositif « rénové » ?
Même s’il ne s’agit pas de dire que « tout repose sur le médecin traitant », il est vrai qu’il est désormais repositionné au cœur du dispositif, notamment par la mise en place de la consultation à 50 ans à l’entrée dans le dépistage. Les consultations à 25 ans (pour repérer les jeunes femmes « à risque ») et à 50 ans (pour toutes les femmes éligibles) sont des moments privilégiés pour faire le point sur les objectifs et les limites du dépistage, pour répondre aux questions et informer les patientes sur les modalités correspondant à leur âge et à leur niveau de risque. Le médecin généraliste peut aussi accompagner la patiente lors de son suivi ou assurer une surveillance adaptée. Enfin, si une anomalie est décelée par la mammographie, il assure la coordination de la prise en charge (examens complémentaires, diagnostic, éventuel traitement).
Outre les actions menées pour rendre la démarche du dépistage plus « humaine », quelles sont les priorités pour l’INCa dans les prochains mois ?
En lien direct avec le plan d’action signé en 2017, nous agissons pour permettre un accès facilité au dépistage. A titre d’exemple, est actuellement expérimenté en Normandie un dispositif intitulé « Mammobile » - un camion équipé d’un mammographe – qui va à la rencontre des femmes dans les territoires éloignés des centres de radiologie. Par ailleurs, nous allons poursuivre les efforts menés sur la prise en charge de la douleur, sur les délais de remise des comptes-rendus aux patientes et sur la qualité de l’information diffusée. Enfin, nous soutenons le développement d’outils d’aides à la décision, qui ne sont pas encore très développés en France. Dans cette perspective, l’INCa a retenu via son appel à projet deux projets en lien direct avec la création de ce type d’outils.
Pour en savoir plus : https://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Depistage-et-detection-…
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