Immunothérapie dans les cancers digestifs

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Publié le 18/03/2021
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Crédit photo : Phanie

« La session présidentielle de l’ESMO 2020 a marqué l’entrée de l’immunothérapie dans l’histoire des cancers de l’œsophage », explique le Pr Jean-Philippe Metges (CHU de Brest). En première ligne métastatique des formes épidermoïdes (73 %) et adénocarcinomateuses, l’association pembrolizumab-chimiothérapie a montré, versus placebo-chimiothérapie (n = 749), une amélioration de la survie globale (SG : 12,4 mois vs 9,8, HR = 0,73, p < 0,0001), qui atteint 13,5 mois dans les tumeurs PD-L1 CPS ≥ 10 (vs 9,4 mois, HR = 0,62, p < 0,0001). « Les résultats sont encore plus forts sur les tumeurs épidermoïdes », avec une réduction de 43 % du risque de décès. Quant à la survie sans progression (SSP), elle s’élevait dans l’ensemble à 6,3 mois avec l’anti-PD1 (vs 5,8 mois, HR = 0,65, p < 0,0001) et à 7,5 mois (vs 5,5 mois, HR = 0,51, p < 0,0001) en cas de PD-L1 CPS ≥ 10. « Cette étude positive (1) change totalement la donne pour les patients », relève l’oncologue.

Quant à l’association nivolumab-chimiothérapie (2), elle a mis en évidence, vs chimiothérapie seule (n = 1 581), une SG de 13,8 mois (vs 11,6 mois, HR = 0,80, p = 0,0002) et de 14,4 mois dans le sous-groupe de tumeurs PD-L1 CPS ≥ 5 (vs 11,1 mois, HR = 0,71, p < 0,0001). La SSP n’était améliorée que dans les cancers PD-L1 CPS ≥ 5 (7,7 mois vs 6, HR = 0,68, p < 0,0001). En situation adjuvante (3), le nivolumab démontre, vs placebo (n = 794), un doublement de la survie sans récidive (22,4 mois vs 11, HR = 0,69, p = 0,0003) dans les cancers de l’œsophage ou de la jonction œsogastrique. La SG n’était pas mature.

En première ligne métastatique des cancers colorectaux microsatellite instable (n = 307), « la SSP est doublée sous pembrolizumab (16,5 mois vs 8,2 sous chimiothérapie ; HR = 0,60 ; p = 0,002) », constate le Pr Metges suite à l’ASCO 2020 (4). Avec l’anti-PD1, 48,3 % des patients n’avaient pas progressé à 24 mois (vs 18,6 %) et les réponses objectives étaient plus élevées (43,8 % vs 33,1 % ; p = 0,02375). En janvier lors de l'ASCO GI, une analyse a confirmé le bénéfice sous pembrolizumab (5), malgré les 59 % de patients du bras chimiothérapie passant sous immunothérapie (cross-over). La SSP entre la randomisation et la seconde ligne de traitement (SSP2) était également favorable (non atteinte sous pembrolizumab vs 23,5 mois sous chimiothérapie).

Retrouvez l'intégralité de l'entretien avec le Pr Metges suite au congrès de l'ESMO 2020

(1) Kato K. et al. ESMO 2020, abtr LBA8_PR
(2) Moehler M. et al. ESMO 2020, abtr LBA6_PR
(3) Kelly RJ. ESMO 2020, abtr LBA9_PR
(4) André T. et al, N Engl J Med 2020;383:2207-18
(5) Shiu KK. ASCO GI 2021, abstract 6

Karelle Goutorbe

Source : Le Quotidien du médecin