Novembre Perle, mois de sensibilisation au cancer du poumon : un collectif pluridisciplinaire fait le point sur le dépistage organisé

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Publié le 02/11/2022
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Crédit photo : Burger/Phanie

Période de l’opération de santé publique « Mois sans tabac », novembre est aussi le mois, moins connu, de sensibilisation au cancer du poumon « Novembre Perle ». À cette occasion, le collectif pluridisciplinaire « Ensemble Nous Poumons » (oncologues, radiothérapeutes, pneumologues, chirurgiens thoraciques, radiologues, médecins généralistes et associations de patients) rappelle que la combinaison du dépistage et du sevrage tabagique « semble être une solution efficace » pour réduire la mortalité de ce cancer.

Le collectif, soutenu par AstraZeneca, mène une réflexion sur les contours des parcours de détection précoce. « Aujourd’hui, 75 % des cancers du poumon sont diagnostiqués à un stade avancé du fait de symptômes peu spécifiques. Notre objectif est d’inverser la tendance afin que 75 % des cancers soient diagnostiqués à un stade précoce », explique le Pr Sébastien Couraud, chef de service de pneumologie de l’hôpital Lyon Sud.

Parmi les cas de diagnostic tardif, 40 à 55 % sont au stade métastatique, avec un pronostic défavorable : « Moins de 20 % des patients sont encore en vie cinq ans après le diagnostic », rappelle le collectif. « Le dépistage du cancer du poumon permettrait d’augmenter considérablement le nombre de patients pris en charge précocement », poursuit le pneumologue.

Des données favorables au dépistage organisé

Deux grandes études ont démontré l’intérêt d’un dépistage précoce. L’étude NLST, menée aux États-Unis entre 2002 et 2007 sur plus de 50 000 fumeurs ou anciens fumeurs âgés de 55 à 74 ans (≥ 30 paquets-année), avait montré le bénéfice d’un dépistage par scanner. Ces résultats n’avaient alors pas convaincu la Haute Autorité de santé (HAS), qui a écarté, en janvier 2021, l’idée d’un dépistage organisé du cancer du poumon.

Mais une autre étude, Nelson, menée aux Pays-Bas et en Belgique avec 15 822 participants sur cinq ans et demi, a changé la donne. Ce travail montre qu’un scanner régulier réduit la mortalité de l’ordre de 24 % chez les hommes et de 48 % chez les femmes. Ces nouvelles données ont motivé un nouvel avis de la HAS, en février dernier, en faveur d’un programme pilote de dépistage en vie réelle, à partir de scanner à faible dose, ciblé sur les personnes exposées au tabac. 

En attendant le lancement de ce programme pilote confié à l'Institut national du cancer (Inca), l'étude « en vraie vie » Cascade, coordonnée par l'AP-HP et financée par l’Inca et le ministère de la Santé, a été lancée auprès d'une population de 2 400 femmes de 50 à 74 ans à risque de cancer du poumon (fumeuses ou ex-fumeuses) pour évaluer l'intérêt d'un dépistage par scanner faible dose. « Cette étude pilote permettra de répondre à des questions méthodologiques et organisationnelles, un préalable nécessaire avant la mise en place d’un dépistage organisé, qui pourra bénéficier plus largement à la population à risque, qu’elle soit féminine ou masculine », écrit l'AP-HP.

Plus récemment, l'Union européenne a également plaidé en faveur de la mise en place d'un dépistage organisé.

Des modalités à l’étude

En parallèle, « de nombreuses initiatives pour évaluer la faisabilité et les bénéfices du dépistage du cancer du poumon en vie réelle ont été lancées, comme le projet Ilyad, qui a pour but d’évaluer la faisabilité d’une telle campagne et de mesurer le taux de participation », indique le Pr Couraud, porteur du projet.

D’autres techniques de dépistage sont également à l’étude en France, comme l’analyse des composés organiques volatiles (COV) présents dans l’haleine par spectrométrie de masse (projet Pathacov) ou la biopsie liquide qui permet l’analyse d’un échantillon de sang, d’urine, de salive ou de liquide céphalorachidien pour détecter des biomarqueurs du cancer du poumon comme des ADN circulants, des cellules tumorales circulantes, de l’ADN tumoral circulant ou encore des micro-ARN circulants.

À venir dans le courant de l’automne, le projet Da Capo, des Prs Charles Hugo Marquette et Paul Hofman (CHU de Nice), examinera la mise en œuvre de dépistages par scanner à basse densité combinés à une prise de sang et à un logiciel d'intelligence artificielle. Et, fin 2022, le projet Prevalung-Étoile du Dr David Boulate (AP-HM) doit permettre d'évaluer un parcours de dépistage comprenant un phénotypage clinique, radiologique et biologique pour stratifier le risque.


Source : lequotidiendumedecin.fr