Vigilance sur les soins dentaires !

Par
Publié le 25/03/2022

L’un des premiers essais contrôlé mesurant l’effet de soins intensifs de la maladie parodontale (MP), chez des patients ayant récemment eu un accident vasculaire cérébral (AVC) ou ischémique transitoire (AIT), confirme l’importance de l’hygiène dentaire.

La maladie parodontale est reconnue comme un facteur de risque d’AVC et d’infarctus du myocarde

La maladie parodontale est reconnue comme un facteur de risque d’AVC et d’infarctus du myocarde
Crédit photo : phanie

Affectant 90 % de la population, la MP est reconnue depuis longtemps comme un facteur de risque d’AVC et d’infarctus du myocarde (IDM). Selon un premier essai contrôlé randomisé, les soins parodontaux intensifs réduiraient la pression artérielle et le cholestérol HDL par rapport aux soins dentaires habituels. Dans le groupe de soins intensifs, les résultats montraient également la réduction d’un critère composite regroupant AVC, IDM et décès, mais pas de manière statistiquement significative.

Soins intensifs ou standards ?

Présentée à la conférence internationale de l’AVC (ISC) 2022, l’étude PREMIERS a comparé les soins standards et intensifs chez des patients ayant déjà esubi un AVC ou un AIT (1). Le traitement standard comprenait un détartrage mécanique supragingival (avec un détartreur à ultrasons, l'élimination de la plaque dentaire supragingivale et du tartre), le brossage régulier des dents et des conseils pour les soins dentaires. Le traitement intensif consistait en un débridement mécanique supragingival et sous-gingival, un détartrage avec un détartreur à ultrasons et des curettes, l'extraction des dents malades, des antibiotiques topiques, un brossage des dents avec un appareil électrique complété par l’usage d’un fil dentaire.

Cet essai multicentrique a été mené en double aveugle. Au total, 280 patients ont été inclus, avec un antécédent d’AVC ou d’AIT dans les trois mois précédents. Ils présentaient une MP modérément sévère et étaient randomisés entre des soins intensifs (n = 138) ou standards (n = 142). L’âge moyen des patients était de 59 ans et 90 % étaient des hommes. 89 % présentaient une hypertension artérielle, 51 % un diabète, et 95 % un antécédent d’AVC. Le critère de jugement principal était un critère composite d’AVC, d’IDM et de décès évalué durant 12 mois. Les objectifs secondaires comprenaient la pression artérielle, le contrôle glycémique, l’inflammation et l’épaisseur de l’intima-média carotidien.

Penser aux visites chez le dentiste

Les résultats montrent que seulement 11 patients (7,7 %) du groupe de soins intensifs ont eu un événement composite (AVC, IDM ou décès) comparativement à 17 sujets (12,3 %) sous soins standards (HR = 0,65) , mais la différence n’était pas statistiquement significative (p = 0,26). Parmi les critères secondaires, les données montrent une évolution favorable de la pression artérielle diastolique et du taux d’HDL-cholestérol dans les deux bras de traitement.

Il n’y a pas eu de groupe placebo, en raison de préoccupations éthiques liées à l’interruption du traitement dentaire. Cependant, la comparaison du groupe de soins intensifs par rapport à un bras contrôle, fondé sur une étude de cohorte à l’Université de Caroline du Nord, a montré une amélioration statistiquement significative du critère de jugement principal pour les soins dentaires, qu’ils soient intensifs ou standards. De plus, les patients ayant effectué au moins quatre visites chez le dentiste, pendant l’année de l’étude, avaient significativement moins d’événements composites que ceux n’ayant fait qu’une seule visite (p = 0,0017). « L’hygiène bucco-dentaire est importante pour la santé cérébrovasculaire et cardiovasculaire, a conclu le Dr Souvik Sen (États-Unis), auteur principal de l’étude. Mais nous avons besoin de plus d’études dans ce domaine ».

(1) Sen S, abstract LB3

Dr Philippe Massol

Source : Le Quotidien du médecin