/Pr Serge Halimi* / Grenoble

Une classification contestable

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Publié le 24/03/2023
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Un long éditorial de Diabetes Care accompagne cet article, jugé intéressant mais trop alarmiste et présentant des biais (2). Il rappelle que le surdiagnostic est une préoccupation pour la plupart des cancers de la thyroïde (lire p. 15).

Les auteurs rapportent un risque élevé, associé au arGLP1, des types les plus agressifs de cancer la thyroïde : les tumeurs médullaires, qui proviennent des cellules parafolliculaires. Elles sont plus rapidement évolutives, plus susceptibles de métastaser, à haut risque chez les personnes âgées… mais représentent moins de 5 % du fardeau mondial du cancer de la thyroïde.

Il semble donc étrange que les tumeurs médullaires comptent, dans cette étude chez les DT2, pour plus de 15 % de tous les cas de cancers de la thyroïde, soit la part la plus importante des tumeurs observées — une part bien supérieure à celle observée dans la population générale. En cela, la validité du schéma de classification utilisée est jugée insuffisamment claire, et constitue une limitation importante, admise par les auteurs.

Il est également perturbant que l’étude ait observé un risque accru après une latence minimale de 6 mois de traitement par arGLP1, ce qui indiquerait soit une période d’incubation très courte pour des cancers thyroïdiens induits par arGLP1… soit plus probablement un biais de détection.

Une population sans facteur de risque

Au total, compte tenu des travaux antérieurs et de ces résultats, il ne peut être exclu que les arGLP1 provoquent une augmentation relative, très modérée, du cancer de la thyroïde, mais le biais de détection ne peut être exclu comme explication alternative.

Le cancer de la thyroïde reste relativement rare (et surdiagnostiqué, lire p. 15), et l’augmentation, potentielle, du risque absolu est extrêmement faible. Les cliniciens et les patients doivent, certes, toujours tenir compte des avantages et des inconvénients de tout traitement. Cependant, dans une population sans facteurs de risque spécifiques de cancer de la thyroïde, les avantages des arGLP1 continuent donc à l’emporter très largement sur les inconvénients.

Exergue : Les avantages continuent à l’emporter très largement sur les inconvénients potentiels

* Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes


Source : Bilan Spécialiste