Près de deux tiers des naissances prématurées surviennent spontanément, sans qu'il n'existe encore de méthode fiable de dépistage. Des chercheurs de l'université de Stanford suggèrent dans « Science » qu'un simple test sanguin maternel permettrait de les identifier à partir de l'analyse de l'ARN fœtal circulant dans le sang maternel.
Dans cette étude soutenue par l'association caritative américaine pour la santé des bébés March of Dimes, l'équipe de Stephen Quake et Mads Melbye a mesuré l'expression des transcrits de 7 gènes, préalablement sélectionnés au sein d'un panel de 38. Il est possible que ces gènes, par ailleurs impliqués dans l'inflammation et le développement, se révèlent à l'avenir être des cibles thérapeutiques potentielles.
Une horloge transcriptomique de la grossesse
Précédemment, les chercheurs avaient montré l'existence d'une « horloge transcriptomique de la grossesse ». Cette notion signifie que l'ARN fœtal libre varie de façon physiologique en fonction du terme. Cela signifie aussi en pratique que les variations par rapport à ce qui est attendu reflètent le phénotype maternel et fœtal. Des changements de l'activité des gènes par rapport à la normale peuvent alerter sur l'existence d'événements pathologiques, par exemple un travail prématuré.
Ici, les chercheurs ont travaillé à partir de 3 cohortes distinctes de femmes enceintes ayant réalisé des prélèvements sanguins réguliers au cours de la grossesse : une cohorte danoise de 31 femmes ayant accouché à terme, et deux cohortes américaines de femmes à risque accru de prématurité (utérus contractile, antécédent d'accouchement prématuré), l'une à l'université de Pennsylvanie (n = 15) et l'autre à l'université d'Alabama (n = 23).
Dans l'étude, les chercheurs montrent que le test a permis de classifier correctement les cas de prématurité dans 75 % à 80 % des cas avec un taux d'erreur pour les naissances à terme dans 4 à 17 %.
Une autre méthode pour l'âge gestationnel
Par ailleurs, dans un travail préalable dans la cohorte danoise, l'équipe montre que l'analyse de l'ARN fœtal libre (panel complet de 51 gènes d'intérêt) permet de déterminer l'âge gestationnel de la grossesse avec la même fiabilité que l'échographie.
Alors que la date des dernières règles est imprécise, « l'échographie, qui est la référence actuellement, n'est pas toujours accessible dans les pays à faibles ressources », rappellent les auteurs. Un test sanguin est un moyen pratique et économique de préparer les naissances et d'améliorer la santé des bébés. « Une datation imprécise conduit parfois à un déclenchement du travail inutile et à des césariennes, à un allongement des soins en postnatal et/ou une augmentation des dépenses de soins », précisent-ils.
Ces deux indications de l'ARN fœtal libre, âge gestationnel et prédiction de la prématurité, sont prometteuses « sur tout le globe en complément ou en substitut de l'échographie », écrivent avec enthousiasme les auteurs. Néanmoins, avant d'envisager une utilisation en pratique, ces résultats issus de petites cohortes pilotes ont besoin d'être validés dans des essais cliniques de grande ampleur, tempèrent les chercheurs de Stanford.
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