« LE GÉRIATRE et le médecin généraliste jouent un rôle complémentaire dans le système de soins. Ils prennent en charge les mêmes patients à des moments différents de leur parcours de santé », souligne le Pr Claude Jeandel, gériatre au CHU de Montpellier et coordinateur scientifique nationale de la campagne Qualidem Gériatrie 2009/2010 (lire encadré).
Ces patients, ce sont les personnes âgées : celles de plus de 75 ans, mais aussi, celles de plus de 65 ans atteintes d’une polypathologie. Une patientèle bien particulière, présentant souvent une lourde comorbidité et des modes de présentation plus atypiques que ceux de l’adulte.
Face au sujet âgé, le généraliste est l’intervenant de première ligne. Il doit notamment être capable de gérer la pluralité de ses pathologies et de sa médication. « Les 65 ans et plus représentent 32% des prescriptions médicamenteuses. Le généraliste doit hiérarchiser leurs problèmes de santé, gérer le risque d’interactions médicamenteuses, d’iatrogenèse. Un certain nombre de patients ne sont pas correctement traités. Les médecins n’osent pas utiliser les mêmes traitements et posologies que l’adulte. Le généraliste doit adapter ses prescriptions pour éviter le surtraitements ainsi que le sous-traitement », indique le Pr Jeandel.
Privilégier l’éducation thérapeutique.
Outre sa polypathologie, le patient âgé se caractérise par son sentiment d’abandon et ses problématiques intriquées : sociales, médicales, psychologiques et fonctionnelles... C’est l’avis du Dr Yves Kagan, chef de service gériatre à la fondation Rothschild à Paris : « En tant que praticiens nous sommes aussi confrontés en permanence à des choix contradictoires. Faut-il privilégier son maintien à domicile au prix de son éventuel isolement ? Sa sécurité ou sa liberté ? Le bénéfice d’une prescription médicamenteuse, d’une intervention ou l’abstention ? »
Lorsqu’il s’agit d’un patient âgé, le modèle classique médecin-malade laisse souvent place à une relation plurielle impliquant plusieurs soignants mais aussi les familles. Car le malade perd souvent son autonomie. Vulnérable, il est, entre autres, sujet à des problèmes locomoteurs. On estime qu’un tiers des personnes de plus de 65 ans et la moitié des plus de 85 ans font au moins une chute par an. Facteur d’entrée dans la dépendance, ces chutes engendrent aussi, chaque année, 12 000 décès. « Or, une prise en charge correcte de l’ostéoporose et de l’arthrose (prévention, activité physique, traitements) permettraient de diminuer et/ou d’éviter ces catastrophes humaines. Le médecin généraliste doit en informer ses patients : l’éducation thérapeutique peut sauver des vies », conclut le Dr Patrick Sichère, rhumatologue à Paris.
* L’IFDQS, est une association agréée depuis janvier 2007 par le CNFMC-ML. Partenaire méthodologique et éthique des cycles Qualidem et Qualiprat, l’IFDQS est le garant de l’objectivité scientifique et de l’indépendance intellectuelle des programmes proposés aux médecins.
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