Ajustement du dépistage du cancer du col

Publié le 17/06/2022
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Le dépistage du cancer du col de l’utérus est désormais centré sur les femmes à risque, avec trois examens phares : test HPV, cytologie et colposcopies, dont le nombre pourrait doubler.
La colposcopie est indiquée d’emblée, dès que la cytologie est anormale

La colposcopie est indiquée d’emblée, dès que la cytologie est anormale
Crédit photo : phanie

Le dépistage du cancer du col de l’utérus est aujourd’hui ciblé sur les femmes à risque HPV positives, tandis qu’il continue de reposer sur la cytologie d’emblée entre 25 et 30 ans. Après 30 ans et jusqu’à l’âge de 65 ans, le test HPV sera répété tous les 5 ans après un premier test HPV négatif. En cas de test HPV positif, on fera une cytologie sur le même prélèvement. Lorsque la cytologie est anormale, on réalisera d’emblée une colposcopie. Si celle-ci est normale, un autre test HPV sera effectué un an plus tard. En cas de positivité du test à un an, on demandera alors une colposcopie (tandis qu’on passera à un test HPV tous les 5 ans en cas de test HPV négatif à un an).

Deux fois plus de colposcopies attendues

« Conséquence de cette nouvelle stratégie centrée sur les femmes à risque : le nombre d’examens cytologiques ne représente plus que 20 % environ des examens de dépistage, a indiqué la Dr Christine Bergeron (Paris). En revanche, le nombre de colposcopies devrait doubler. Après 30 ans, de 10 à 15 % des femmes sont positives pour le test HPV et, parmi celles-ci, 30 % ont une cytologie anormale. Ce qui fait que la colposcopie concerne environ de 3 à 5 % des femmes initialement après dépistage. Mais, il faut ajouter à cela la moitié des 7 à 10 % de femmes avec un test HPV initialement positif et une cytologie initialement normale qui resteront HPV positives après 1 an, et devront donc avoir une colposcopie différée. »

La Dr Christine Bergeron a insisté sur l’importance « de ne pas faire de cotesting (test HPV et cytologie) après 30 ans et de continuer à inciter les femmes à se faire dépister. De 60 à 70 % des cancers du col invasif étant observés chez les femmes ne s’y soumettant pas. »

Des normes de qualité

La réalisation de la colposcopie, qui permettra de préciser la nature et l’importance des lésions, doit respecter une charte de qualité définie par les quatre sociétés de gynécologie française (CNGOF, Société française de colposcopie, Société française de gynécologie, Fédération nationale des collèges de gynécologie médicale), les professionnels devant s’engager à être formés (DU ou DIU et formation continue) et à réaliser au moins 50 colposcopies par an, a souligné le Dr Jean-Luc Mergui (Paris).

« Les femmes devront aussi être suivies attentivement après traitement, car elles sont exposées à un risque de récidive de 10 à 20 % et des lésions résiduelles peuvent persister », a insisté le Pr Xavier Carpopino (Marseille).

Le cas particulier des femmes immunodéprimées

« Un état d’immunodépression, quelle que soit sa cause, accroît le risque de cancer du col utérin. Il faudra donc, lorsqu’on suit une femme VIH+, vérifier que son taux de CD4 est satisfaisant et qu’elle prend bien son traitement, les antirétroviraux contribuant à faire régresser les dysplasies cervicales et à diminuer significativement le risque de cancer du col », a expliqué le Pr Geoffroy Canlorbe (Paris). Une surveillance rapprochée devra être mise en place en cas de lésions cervicales de bas grade et, encore plus, de haut grade, surveillance qui repose sur la cytologie chez ces femmes à 80 % HPV positives. Mais, on sera prudent dans la réalisation des conisations (en cas d’extension des lésions) pour ne pas grever le pronostic obstétrical. « Il faudra vacciner contre le HPV les jeunes filles et jeunes femmes immunodéprimées et probablement débuter le dépistage de ces femmes à risque vers 20 ans », a préconisé le Pr Canlorbe.

Exergue : « Il ne faut pas faire de cotesting, HPV et cytologie, après 30 ans »

Communications de la Dr Christine Bergeron (Paris), du Dr Jean-Luc Mergui (Paris), du Pr Xavier Carpopino (Marseille), du Pr Geoffroy Canlorbe (Paris)

Dr Corinne Tutin

Source : Le Quotidien du médecin