Pour une prise en charge adéquate

Un risque de dépression à la ménopause

Publié le 17/11/2020

La durée de la vie pubère et la variabilité hormonales sont associées au risque dépressif. La périménopause représente une fenêtre d’opportunité de prévention.

Une périménopause prolongée augmente le risque

Une périménopause prolongée augmente le risque
Crédit photo : phanie

La dépression est la première cause d’incapacité à travers le monde et le risque de suicide chez la femme est maximal après 65 ans. Son diagnostic précis repose sur les critères du DSM 5, et nécessite autant que possible l’appel d’un spécialiste.

Une ovariectomie bilatérale avant la ménopause augmente le risque de dépression, mais pas si une œstrogénothérapie substitutive est proposée jusqu’à 50 ans. Plus la durée de vie pubère est courte, plus le risque de dépression est élevé. Ainsi la ménopause précoce est associée à une augmentation du risque de dépression. Chez les patientes traitées par œstrogénothérapie pendant 2 ans dès les symptômes de préménopause, l’association au risque de dépression est significativement minorée.

Le terrain joue un rôle important. Sur le plan psychiatrique, le risque de dépression est majoré de 4 à 6 fois en cas d’antécédent, et de stress. Des difficultés de sommeil (hors celles liées aux symptômes vasomoteurs) sont fréquemment présentes en amont. On retrouve aussi, sur le plan gynécologique, un excès de sensibilité aux fluctuations hormonales tels que le syndrome prémenstruel et la dépression du post-partum. La variabilité de l’œstradiol et la durée de la transition ménopausique augmentent le risque de dépression, quand les ovulations le diminuent. Les symptômes vasomoteurs ne semblent en revanche pas associés à un surrisque, mais ils représentent un traumatisme cérébral, avec diminution du glucose et du volume cérébral et augmentation des protéines bêta-amyloïdes.

Effet des traitements hormonaux

La présence d’idées suicidaires est significativement majorée lors de la préménopause, en faisant une période d’intervention privilégiée.

L’œstradiol en prévention de la transition ménopausique est efficace uniquement s’il est débuté dès le début de la périménopause précoce ; aucun bénéfice n’est retrouvé en périménopause tardive. À l’arrêt du THS, la chute brutale du taux d’œstrogène provoque des symptômes dépressifs uniquement si la patiente avait un antécédent de dépression de la périménopause ; pour les autres, il n’est pas retrouvé de surrisque. Au Canada, l’œstradiol transdermique est recommandé en deuxième intention pour traiter la dépression de la périménopause. En France, le traitement repose sur des antidépresseurs classiques : ISRS et IRSNA. Ils augmentent la prise de poids et ont un effet défavorable sur la sexualité la plupart du temps. Certains antidépresseurs (notamment la venlafaxine) diminuent les bouffées de chaleurs. Ce qui peut s’avérer utile en cas de contre-indication au THS (cancer du sein).

En ce qui concerne la progestérone, les données de la littérature ne permettent pas de conclure sur un éventuel risque associé de dépression.

La dépression en périménopause est secondaire à une vulnérabilité aux fluctuations hormonales irrégulières et non à une valeur absolue, comme un faible taux hormonal. Il s’agit d’une fenêtre d’opportunité pour l’introduction d’une œstrogénothérapie, à discuter de façon précoce en présence de facteurs de risques. Une collaboration avec les psychiatres est à inventer car les symptômes de la dépression se chevauchent avec ceux de la ménopause.

Session Gemvi

Dr Frédéric Glicenstein

Source : Le Quotidien du médecin