Euro de foot, foyer avec enfant chez les plus de 40 ans, transport partagé : l'étude ComCor actualise les lieux de contamination au Sars-CoV-2

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Publié le 26/11/2021

Crédit photo : AFP

Faut-il se réjouir que l'Équipe de France de football ne soit pas allée plus loin que les huitièmes de finale de la Coupe d'Europe ? Selon les données du 4e volet de l'étude Comcor, réalisée par l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes de l'Institut Pasteur, en partenariat avec la Caisse nationale de l’assurance-maladie (Cnam), l'agence Santé publique France et l’institut IPSOS, les rassemblements occasionnés par cet événement sportif serait un contributeur majeur à la dynamique de l'épidémie, entre le 23 mai et le 13 août 2021.

Pour parvenir à ces conclusions, les auteurs ont analysé les données d'un questionnaire rempli par 12 634 personnes testées positives pour le Sars-CoV-2 et les ont comparées celles de 5 560 témoins (non infectés) recrutés à la même période et appariés pour l’âge, le sexe, la densité de population, la région de résidence et la semaine d’exposition.

Une période stratégique de réouverture

La période qui s'étend de fin mai à août était cruciale : elle correspondait à la réouverture progressive des lieux publics (musées le 19 mai, bars, restaurants et salles de sport le 9 juin et boîtes de nuit le 9 juillet) et à l'explosion en France du variant Delta qui a infecté 88 % des patients positifs de l'étude.

Les bars en intérieur étaient le principal lieu de contamination des moins de 40 ans entre le 9 juin et le 9 juillet, avec un risque plus élevé pour les hommes comparés aux femmes. Cette période correspond à celle de l'Euro de football, ce qui laisse les auteurs supposer que les réunions de supporters ont pu jouer un rôle dans la propagation du virus. Ils précisent qu'un phénomène similaire a également été observé au Royaume-Uni au même moment.

Chez les plus de 40 ans, la présence d'enfants dans l'entourage a été associée à un surrisque d'infection qui va de +30 % pour les collégiens à +90 % pour les enfants de moins de trois ans. Par ailleurs, certains moyens de transport ont été associés à un surrisque d'infection modéré : la voiture partagée avec des proches et des amis (+30 %), le taxi (+50 %), le métro (+20 %), le train (+30 %), et l'avion (+70 %).

En revanche, il n'y avait aucun surrisque mesurable en ce qui concerne les lieux culturels, les commerces (hors commerces de proximité), les restaurants, les lieux de culte, les activités sportives, et les rassemblements familiaux (hors mariages pour lesquels un surrisque a été documenté). Les auteurs mettent en garde contre toute conclusion hâtive concernant les restaurants qui, à cette époque-là, ne pouvaient recevoir des clients qu'en extérieur.

Efficacité des vaccins confirmée

L'étude a également permis d'évaluer le niveau de protection conférée par une infection antérieure. Cette dernière est de 95 % si l'infection date de moins de six mois, mais descend à 74 % au-delà de ce seuil. Concernant l'efficacité procurée par les vaccins, les résultats ne sont pas significativement différents de ce qui a été observé dans d'autres études internationales : une double dose de vaccin ARNm (Pfizer ou Moderna) protège contre 67 % des formes symptomatiques de Covid-19. L'association d'un vaccin à adénovirus (AstraZeneca) pour la première dose et d'un vaccin ARNm pour la seconde est de 61 %. L'étude n'était en revanche pas conçue pour évaluer la protection contre les formes sévères.

Enfin, ce 4e volet a permis d'évaluer une spécificité française : la vaccination à dose unique pour les personnes ayant déjà été infectées. Les auteurs constatent que les patients ayant bénéficié de ce « schéma vaccinal » avaient un niveau de protection supérieur à celui de la vaccination classique à 2 doses : 85 % contre 67 %. Certains patients ont eu deux doses après une première infection, et leur niveau de protection était de 96 %.


Source : lequotidiendumedecin.fr