En République démocratique du Congo (RDC), les cas de mpox (anciennement dénommée variole du singe) connaissent une augmentation « exponentielle », a alerté le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, le 20 juillet. À ce jour, « le cumul des cas est de 11 166 cas suspects, dont 450 décès, soit une létalité de 4 % », a-t-il indiqué.
L’épidémie est portée depuis septembre 2023 par une nouvelle souche plus mortelle de mpox, le sous-type clade Ib. Il n’y a pour l’heure « aucun signe de ralentissement », s’est inquiété le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, le 11 juillet lors d’un point de presse. Des cas ont été signalés dans 26 pays au cours du mois écoulé.
La crainte d’une extension de l’épidémie
L’Afrique du Sud a recensé 20 cas, dont trois mortels, « les premiers dans le pays depuis 2022 », a rappelé le patron de l’OMS. Aucun n’était relié à un voyage, « ce qui suggère que les cas confirmés représentent un petit pourcentage de tous les cas et qu’une transmission communautaire est en cours », a-t-il souligné. « Il y a un risque de franchissement de frontières du virus qui continue à se déplacer, car les frontières sont très poreuses avec les pays voisins », a insisté Rosamund Lewis, spécialiste du mpox à l’OMS.
Le mpox a été découvert pour la première fois chez des humains en 1970 dans l'actuelle RDC (ex-Zaïre), avec la diffusion du sous-type clade 1, principalement limitée depuis à des pays de l'ouest et du centre de l'Afrique, les malades étant généralement contaminés par des animaux infectés. En mai 2022, des contaminations ont été recensées dans de nombreux pays hors d’Afrique, affectant principalement les hommes homosexuels et bisexuels. Cette flambée, causée par le sous-type clade II, a poussé l’OMS à déclarer en juillet 2022 une urgence de santé publique de portée internationale. Elle a été levée en mai 2023, alors que les cas refluaient.
Le sous-type clade II continue de circuler à bas bruit hors d’Afrique. En France, 53 cas ont été détectés de janvier à fin avril 2024, selon le bilan épidémiologique de Santé publique France. Les infections par le clade II interviennent principalement chez les hommes. En Europe, où seul le clade II circule, le virus est particulièrement actif en Espagne (208 cas).
Si l’épidémie associée au clade II semble pour l’heure être contenue, « le mpox reste un problème de santé publique critique en Afrique », alertent des représentants d’autorités sanitaires (Africa CDC, OMS, Institut de santé publique de RDC, ministère de la Santé) et des chercheurs (Institut de médecine tropicale d’Anvers, Institut national de recherche biomédicale à Kinshasa…).
Investir dans la recherche sur les séquelles en Afrique
Alors que l’OMS publie dans The Lancet la liste des priorités mondiales de recherche sur les infections sexuellement transmissibles (IST), dont le mpox, les auteurs plaident, dans un commentaire associé, pour un effort de recherche sur les séquelles à long terme d’une infection, particulièrement en Afrique.
Quelques recherches ont déjà permis de montrer l’étendue des complications : cicatrices atrophiques, alopécie, contractures des muscles du visage, rectite, asthénie, cécité, paupières déformées, kératite et troubles sexuels. Mais ces travaux portent sur les infections par le clade II du mpox. En Afrique, où le clade I, plus virulent, circule, « les séquelles pourraient être encore plus graves », mettent en garde les signataires.
La cécité et une déficience visuelle ont été identifiées comme séquelles dans une étude menée en 1987 en RDC. Parmi les individus infectés par le clade I, 3,5 % (10/282) étaient affectés. « Il existe un besoin crucial d’informations à jour concernant les séquelles à long terme du mpox pour aider à fournir des soins à long terme aux survivants », interpellent les auteurs. « La plupart des cas signalés concernent des enfants de moins de 15 ans, et des séquelles à long terme telles que la cécité pourraient réduire leur qualité de vie, leur productivité éducative et leur potentiel de revenus futurs », ajoutent-ils.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?