Chaque année, la grippe touche entre deux et six millions de personnes en France et est responsable de 10 000 à 15 000 décès. « Pourtant, la vaccination permet de réduire le risque de formes sévères de la maladie, de complications cardiovasculaires et, pour les personnes âgées, de perte d’autonomie », souligne le Pr Gavazzi.
La circulation des virus respiratoires épidémiques a été limitée cet hiver, en raison probablement de la vague de Covid-19 qui a tout balayé, écrasant les autres virus, ainsi que des mesures barrières mises en place. Mais dès le relâchement des gestes barrières, la disparition du port du masque et la reprise des activités sociales, la grippe, qui n’avait que commencé à s’exprimer, a diffusé de manière intense. L’épidémie de grippe est donc apparue tardivement en début d’année et était encore là en avril. Le taux de positivité a atteint 48,1 % pour la grippe en médecine de ville, 12,4 % à l’hôpital, alors qu’il était très faible en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EPHAD). « En général, la campagne de vaccination s’arrête fin janvier, cette année, il y a un vrai décalage. Elle a dû être prolongée jusqu’au 28 février 2022, déclare le Pr Gaëtan Gavazzi. Il faut toujours être attentif pour diagnostiquer la grippe et surtout se préparer pour l’année prochaine ».
Augmenter la couverture vaccinale
Les estimations de la couverture vaccinale (CV) au 28 février 2022 (1), chez les personnes à risque ciblées par la vaccination contre la grippe, indiquaient une CV à 52,6 %, avec 56,8 % chez les 65 ans et plus et 34,3 % chez les moins de 65 ans à risque de grippe sévère. Cette CV était supérieure à la celle estimée pour la saison 2019-2020 (47,8 %, avec 52 % pour les 65 ans et plus et 31 % chez les moins de 65 ans à risque de grippe sévère), mais inférieure à la saison 2020-2021 (55,8 %, avec 59,9 % chez les 65 ans et plus et 38,7 % chez les moins de 65 ans à risque de grippe sévère). Par contre, chez les populations à risque, la cible définie de 75 % de CV était très loin d’être atteinte.
En EHPAD, la CV 2021-2022 a été élevée (90,9 %), mais inférieure à celle de la saison 2020-2021 (93,4 %) [2]. En revanche, la CV des professionnels de santé est toujours restée trop faible : 20 % pour ceux exerçant dans tous les types d’établissements sociaux et médico-sociaux et 14,4 % dans les établissements de santé, inférieure à celle estimée lors de la saison 2018-2019 (35 %).
Il faut donc toujours se mobiliser pour augmenter la CV, notamment chez les plus de 15 millions de personnes fragiles à risque de forme graves, ciblées par les recommandations.
Privilégier un vaccin à haute dose dès 65 ans
La préparation de la campagne 2022-2023 contre la grippe saisonnière est déjà lancée. Une note de la Direction générale de la santé (DGS) a d’ores et déjà recommandé de commander les doses de vaccins contre la grippe saisonnière en quantité suffisante. À côté des vaccins tétravalents classiques (deux souches de type A et deux de type B), un nouveau vaccin antigrippal quatre fois plus dosé est adapté aux sujets de 65 ans et plus, qui répondent moins bien à la vaccination (immunosénescence).
La Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG) préconise d’utiliser ce vaccin à haute dose chez les seniors qui paient le plus lourd tribut à la grippe, c’est-à-dire les plus âgés et ceux présentant plusieurs comorbidités. Ce vaccin augmente d’environ 25 % la part des personnes âgées d’au moins 65 ans protégées contre la grippe, par rapport au vaccin à dose standard. De plus, il réduit de 30 % les hospitalisations pour pneumonie et près de 20 % celles pour événement cardiorespiratoire. Son profil de tolérance est satisfaisant.
Cette stratégie de vaccination haute dose a déjà été mise en place depuis plusieurs années dans différents pays, notamment aux États-Unis, au Canada et en Allemagne.
(1) Bulletin hebdomadaire grippe 2022 de Santé Publique France, semaine 14
(2) Santé publique France, fin décembre 2021
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