Origines du Covid : un échappement du laboratoire « probable », l’OMS renvoyée dans les cordes par la Chine

Publié le 13/08/2021

Crédit photo : AFP

L’hypothèse d’un échappement accidentel du Covid du laboratoire de Wuhan est jugée « probable » selon le chef de la mission d'enquête sur l'origine de la pandémie. « Un employé d'un laboratoire infecté sur le terrain en prélevant des échantillons relève de l'une des hypothèses probables. C'est là que le virus passe directement de la chauve-souris à l'homme », a ainsi déclaré sur une chaîne danoise Peter Embarek, chef de la délégation de scientifiques internationaux envoyés en Chine par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour déceler l'origine du Covid-19.

Le scientifique danois pointe notamment du doigt un déménagement. « Le Centre de prévention et de contrôle des maladies a été déplacé en décembre 2019 à seulement 100 mètres du marché aux poissons de Wuhan. C'est la période où tout a commencé. Lorsque vous déplacez un laboratoire, cela perturbe tout ».

La première phase de l'étude, menée en début d'année par l’OMS à Wuhan - considérée comme le berceau de la pandémie-, avait pourtant conclu, le 29 mars que l'hypothèse d'un incident de laboratoire restait « extrêmement improbable ». L'étude estimait que le passage du coronavirus de la chauve-souris à l'homme via un animal intermédiaire était le scénario le plus probable. 

Pas de documentation disponible

Toujours selon Peter Embarek, il a été difficile pour son équipe de discuter de cette théorie avec les scientifiques chinois. « Jusqu'à 48 heures avant la fin de la mission, nous n'étions toujours pas d'accord pour évoquer la "thèse du laboratoire" dans le rapport », explique le scientifique dans le documentaire diffusé sur la chaîne danoise. « C'est à la suite de ces échanges que la délégation de l'OMS obtient la permission de visiter deux laboratoires où s'effectuent des recherches autour des chauves-souris », ajoute-t-il.  

Lors de ces visites, « nous avons eu droit à une présentation, puis nous avons pu parler et poser les questions que nous voulions poser, mais nous n'avons pas eu l'occasion de consulter la moindre documentation », détaille Peter Embarek.

La Chine refuse

Pour poursuivre sa quête des origines de la pandémie, l’OMS a demandé jeudi 12 août à tous les pays, et en particulier à la Chine, de publier « toutes les données sur le virus ». « Spécifiquement, pour aborder « l'hypothèse labo », il est important d'avoir accès à toutes les données brutes, d'envisager les meilleures pratiques scientifiques », a déclaré l'OMS dans un communiqué, soulignant que la Chine avait laissé entendre que l'OMS agissait sous pression politique concernant les études sur l'origine du coronavirus. L’OMS demande notamment à la Chine de partager ses données et autoriser le réexamen d'échantillons.

À partir de « ce que nous avons déjà appris, la prochaine série d'études comprendra un examen des données brutes sur les premiers cas et les premiers cas potentiels en 2019 », a ajouté l'organisation. Mais la demande de transparence de l’OMS a reçu, ce vendredi 13 août, une fin de non-recevoir de Pékin. « Nous sommes opposés à la politisation de la recherche des origines (...) et à l'abandon du rapport conjoint. Nous soutenons une recherche basée sur la science », a martelé Ma Zhaoxu, un vice-ministre des Affaires étrangères.

Secret médical

Concernant les données brutes réclamées par l'OMS, notamment sur les premiers malades à Wuhan, la Chine s'est de nouveau retranchée derrière le secret médical. « Nous souhaitons uniquement protéger la vie privée des patients », a assuré vendredi devant la presse Liang Wannian, chef de la délégation de scientifiques chinois qui a collaboré au rapport Chine-OMS. « Sans leur consentement, aucun expert étranger n'a le droit de photographier ni de copier les données originales »

La pandémie a fait au moins 4,3 millions de morts. Mais l'OMS estime, en prenant en compte la surmortalité directement et indirectement liée au Covid-19, que le bilan de la pandémie pourrait être deux à trois fois plus élevé.

(Avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr