Selon Pasteur, des restrictions contre le Covid sont à prévoir dans les classes à la rentrée

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Publié le 29/06/2021
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Crédit photo : S.Toubon

Des mesures de contrôles de la circulation du SARS-CoV-2 seront toujours nécessaires dans les écoles françaises à la rentrée à en croire la dernière mise à jour des travaux de l'équipe de modélisation des maladies infectieuses de l'institut Pasteur dirigée par Simon Cauchemez.

Les épidémiologistes ont utilisé un scénario de référence basé sur des « hypothèses réalistes » : une couverture vaccinale au 1er septembre 2021 de 30 % chez les 12 à 17 ans, de 70 % chez les 18 à 59 ans et de 90 % chez les plus de 60 ans, et un nombre de reproduction de base R0 de 4 du variant dominant. Ce scénario implique une réduction de 95 % du risque d'hospitalisation chez les personnes vaccinées et de 80 % du nombre d'infections.

Un rôle déterminant des enfants et adolescents

Dans cette situation et en l’absence de mesures de contrôle, un pic de l'ordre de 2 500 hospitalisations, comparable à celui observé à l’automne 2020, pourrait être observé. Les auteurs estiment donc que des mesures seront toujours nécessaires : dépistage répété, distanciation physique, gestes barrières ou port du masque.

Étant la population la moins vaccinée dans le modèle de l'institut Pasteur, les enfants et adolescents pourraient en particulier avoir un rôle déterminant dans la reprise de l’épidémie, avec 43 % des contaminations alors qu'ils ne représentent que 22 % de la population. Le contrôle de la circulation virale dans les écoles, collèges et lycées pourrait alors être nécessaire pour diminuer la pression sur le système hospitalier. « Cela expose les enfants et adolescents au risque de nouvelles mesures de contrôle en milieu scolaire. La vaccination de cette population les protégerait contre ce risque », résument les modélisateurs.

Des mesures ciblées plus efficaces

Concernant les mesures dans la population générale, ce qui devrait changer, c'est la population ciblée par ces mesures, notent les épidémiologistes. « Les personnes non vaccinées contribuent de façon disproportionnée à la transmission, expliquent-ils. Une personne non vaccinée a 12 fois plus de risque de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne vaccinée. Les adultes non vaccinés contribuent de façon importante à la pression sur l’hôpital. »

Les calculs des chercheurs de Pasteur arrivent à la conclusion que les personnes non vaccinées de plus de 60 ans ne représentent que 3 % de la population mais pourraient représenter 35 % des hospitalisations à l'avenir. Par ailleurs, leur simulation démontre que cibler l'ensemble de la population avec des mesures de contrôle ne modifie pas significativement la trajectoire de l'épidémie, comparée à une stratégie qui consisterait à ne cibler que les personnes non vaccinées. « Cela suggère que, dans une population partiellement vaccinée, des mesures de contrôle ciblant les personnes non vaccinées (par exemple avec le pass sanitaire) pourraient permettre de maximiser le contrôle de l’épidémie tout en minimisant le coût pour la société », en déduisent les chercheurs, qui reconnaissent toutefois les « questions éthiques et sociales » que cela soulève.

À titre d'exemple, un dépistage régulier de la moitié de la population française non vaccinée conduirait à une réduction du pic d'hospitalisation de 27 %. Si on utilisait le même nombre de tests dans la population générale, la réduction du pic de mortalité ne serait que de 17 %. D'un point de vue économique, la vaccination de la moitié non vaccinée de la population serait de 200 millions d'euros, contre 1,1 milliard pour maintenir des mesures barrières.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr