Les joueurs de football professionnels ont un risque augmenté de maladie neurodégénérative, surtout les défenseurs

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Publié le 10/09/2021
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Crédit photo : Phanie

Les chocs à répétition entre le ballon et les têtes des joueurs de football exposent ces derniers à un surrisque de développer une maladie neurodégénérative, en particulier les défenseurs, selon une étude écossaise publiée dans le « JAMA Neurology ».

L'observation n'est pas tout à fait nouvelle. Lors d'une étude précédente, les chercheurs de l'université de Glasgow, de la clinique Hamden des sports et du département de neuropathologie de l'hôpital universitaire Queen Elizabeth de Glasgow avaient notamment déjà évalué un risque de décès à la suite d'une maladie neurodégénérative multiplié par 3,5 comparés à la population générale. Les nouvelles données du « JAMA » confirment ce surrisque à partir de sources de données plus fiables et démontrent qu'il dépend du poste occupé et de la durée de la carrière.

Une prévalence de 5 % chez les joueurs

Les auteurs ont travaillé à partir d'une cohorte de 7 676 joueurs professionnels, retraités ou en activité, nés entre 1900 et 1977. Les données ont été comparées à celles de 23 028 membres de la population générale dans le cadre d'une étude cas-contrôle, avec un appariement basé sur le sexe, l'année de naissance et le statut socio-économique. L'ensemble des individus inclus ont été suivis pendant une durée médiane de 18 ans, soit un suivi total de 1,8 million de personnes-années.

Une maladie neurodégénérative a été diagnostiquée chez 386 anciens joueurs de football, soit 5 % de cette population, et chez 366 membres de la population générale, soir 1,6 %. Le risque de développer une telle pathologie était ainsi multiplié par 3,66 chez les joueurs de football professionnels. Les postes les plus explosés étaient les défenseurs (risque multiplié par 4,98) et les moins exposés étaient les gardiens de but, dont le risque de pathologie neurodégénérative n'était pas significativement plus élevé que celui de la population générale. Les attaquants présentaient un risque intermédiaire, multiplié par 2,79 par rapport à la population générale. Enfin, les joueurs aux carrières les plus longues (plus de 15 ans) avaient un risque particulièrement prononcé.

Le traumatisme crânien, suspect idéal

Dans leur discussion, les chercheurs estiment que la forte prévalence des maladies neurodégénératives peut avoir pour origine les traumatismes crâniens et les chocs à répétition que subissent les joueurs tout au long de leur carrière. Ils ne peuvent toutefois confirmer formellement cette intuition, faute d'informations sur les antécédents des membres de leur cohorte en matière de traumatologie sportive. Les chocs à la tête, et notamment contre un ballon, sont plus fréquents dans la carrière de joueurs de champ que dans celles des gardiens de but. L'hypothèse d'un lien entre les chocs répétés et la survenue de maladies neurodégénératives semble donc crédible.

« Il y a eu beaucoup de changements de pratiques au cours de la période couverte par notre étude qui peuvent influencer le risque de maladie neurodégénérative », expliquent les auteurs, qui citent notamment le remplacement de la couche extérieure des ballons en cuir par des matériaux en plastique qui n'absorbent pas l'eau et entraîne moins de dommage à l'impact. « Nos données montrent toutefois que le risque de maladie neurodégénérative n'est pas statistiquement différent chez les joueurs dont la carrière s'est déroulée avant et après ce changement de matériel », reconnaissent-ils. Les améliorations de la prise en charge des traumatismes crâniens pourraient également avoir eu un effet, mais les auteurs estiment qu'ils manquent de recul à ce stade pour pouvoir l'affirmer.


Source : lequotidiendumedecin.fr