Plus de 20 ans avec le diagnostic, la pratique d'une activité physique protège les femmes contre l'apparition de la maladie de Parkinson, selon une étude publiée dans « Neurology » par des chercheurs et des chercheuses de l’Inserm, de l’université Paris-Saclay et de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) avec Gustave-Roussy.
Les chercheurs ont mesuré l’impact de l’activité physique sur le développement de la maladie de Parkinson chez près de 100 000 femmes pendant 29 ans. Ils ont observé une association entre le niveau d'activité physique et le risque de développer la maladie. Ce bénéfice commence 20 ans avant le diagnostic.
Des études menées sur la question avaient déjà démontré que les personnes souffrant de la maladie de Parkinson avaient tendance à faire moins de sport lors des années précédant le diagnostic. Cependant, le suivi restait trop faible pour conclure à un véritable lien causal, sachant que les patients ont pu être dissuadés de faire du sport par les premiers signes survenant lors de la longue phase prodromale (constipation, troubles du sommeil et de l’odorat, premiers troubles moteurs). Une méta-analyse avait, par ailleurs, suggéré que cette association n'était significative que chez les femmes.
Un suivi et une puissance inégalée
« La principale différence entre notre étude et les plus anciennes réside dans le fait que nous avons rassemblé un nombre considérablement plus important de femmes atteintes par la maladie de Parkinson avec un suivi bien plus long », résume dans son article l'équipe du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Inserm/Université Paris-Saclay/UVSQ). Les auteurs se sont appuyés sur les données de la cohorte E3N (Étude épidémiologique auprès de femmes de la Mutuelle générale de l'Éducation nationale), suivie pendant 29 ans et regroupant près de 100 000 femmes, dont près de 1 200 atteintes de la maladie de Parkinson.
L’évolution de l’activité physique a été estimée à partir des six questionnaires proposés en 1990, 1993, 1997, 2005 et 2014, ce qui a permis de quantifier le niveau d'activité physique à 5, 10, 15 et 20 ans avant le diagnostic. Comme les questions changeaient d'un questionnaire à l'autre, les auteurs ont dû établir un score pour estimer l'évolution de la pratique physique au fil du temps et répartir les femmes de la cohorte en quartiles.
À partir de ces données, les auteurs ont réalisé une étude cas-témoins, comparant les niveaux d'activité physique de 1 196 cas à 23 879 contrôles. Il en ressort que les femmes du quartile pratiquant le plus d'activité physique plus de 20 ans avant le diagnostic avaient 25 % de risque en moins de développer la maladie, par rapport à celles moins actives.
Les participantes atteintes par la maladie étaient globalement moins actives que les autres tout au long du suivi, y compris plus de 20 ans avant le diagnostic ; et cet écart s'accentue au fil des années précédant le diagnostic. Il y aurait donc bien un effet des premiers symptômes de la maladie sur la baisse de l'activité physique.
Les chercheurs ont exploré la possibilité que leurs résultats soient influencés par l'indice de masse corporelle (IMC), la tension artérielle, le diabète ou les pathologies cardiovasculaires. Après ajustement, il ressort que ce n'était pas le cas.
« Ces résultats sont importants car ils fournissent des arguments pour planifier des actions de prévention de la maladie de Parkinson chez les femmes », soulignent les auteurs.
Un effet via les neurones dopaminergiques ?
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer le caractère protecteur de l'exercice physique. Il est possible que les exercices en aérobie stabilisent la progression de la maladie au niveau des réseaux corticostriataux et améliorent les performances cognitives. « Dans les modèles animaux, les exercices physiques améliorent la récupération de fonctions motrices, et forcent la fabrication de neurones dopaminergiques ayant un effet protecteur vis-à-vis de la maladie de Parkinson », ajoutent les auteurs.
Chez l'humain, l'activité physique est également associée à des modifications structurelles et fonctionnelles jusque tard dans la vie. Ainsi, chez les femmes ménopausées, il a été noté des taux plus élevés d'enzymes antioxydantes et des niveaux plus faibles de stress oxydant.
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