Un évènement indésirable grave

Les césariennes à vif, c’est fini

Publié le 30/06/2020
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Un groupe de travail pluriprofessionnel a planché sur les défauts d’anesthésie lors de la césarienne. Son objectif : que tous reconnaissent leur gravité et s’organisent pour les combattre.
Évaluation de la qualité de l’anesthésie avant incision : tester la zone d’incision et plus haut en limite de champ

Évaluation de la qualité de l’anesthésie avant incision : tester la zone d’incision et plus haut en limite de champ
Crédit photo : Avec la permission de la Dr Martine Bonnin

Crédit photo : DR

Malgré l’efficacité et la sécurité incontestables de l’anesthésie locorégionale pour la pratique de la césarienne, presque tous les professionnels de santé travaillant en obstétrique ont vécu ou entendu parler de situations dans lesquelles une analgésie insuffisante a conduit les femmes à vivre des douleurs plus ou moins intenses lors de leur césarienne. Cette situation de césarienne « à vif » est, à juste titre, un motif de plainte des femmes à l’encontre des équipes d’obstétrique et d’anesthésie.

La fréquence de cette insuffisance analgésique est estimée entre 5 et 10 %. Elle peut être à l’origine de souffrances physiques et psychiques aux conséquences potentiellement graves. Ainsi, la survenue d’une douleur au cours de la césarienne impose une prise en charge adaptée à court, moyen voire à long terme, en particulier en présence d’un état de stress post-traumatique.

C’est dans ce contexte qu’un groupe de travail pluriprofessionnel a été mis en place en 2019 sous l’égide du Club d’anesthésie-réanimation en obstétrique (CARO) et du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), en collaboration avec plusieurs autres sociétés savantes et des associations représentant les patientes. Ce groupe, mobilisé pendant plus d’un an, a établi des préconisations dont les objectifs étaient de sensibiliser et donner des règles de bonne pratique à l’ensemble des professionnels impliqués dans la prise en charge des femmes césarisées sous anesthésie locorégionale pour la prévention, la reconnaissance, le traitement et le suivi des défauts ou insuffisances d’analgésie.

Ces préconisations s’articulent autour de :

• L’information des femmes : proposée dès la consultation d’anesthésie, l’information doit porter sur le risque d’échec des techniques d’anesthésie locorégionale pour césarienne, les facteurs de risque reconnus d’insuffisance d’analgésie ainsi que sur les stratégies qui peuvent être proposées en cas de douleur ;

L’évaluation de la qualité de l’anesthésie avant incision (photo) et son optimisation si besoin ;

La gestion de l’échec de l’anesthésie en fonction du degré d’urgence de la césarienne ;

Les approches médicamenteuses ou non qui permettent de réduire le risque de douleur pendant la césarienne et d’en assurer une meilleure prise en charge ;

L’optimisation organisationnelle des prises en charge ;

L’identification, l’accompagnement et le suivi d’un état de stress post-traumatique.

La version complète de ces préconisations ainsi que l’algorithme d’aide à la décision produit par le groupe de travail afin de préparer et guider au mieux les équipes dans la prévention et la gestion d’une insuffisance d’analgésie au cours de la césarienne sont disponibles sur la version web de cet article.

L’ensemble de ces préconisations le seront très prochainement également sur les sites des différentes sociétés et associations partenaires. L’objectif étant d’induire une prise de conscience et une amélioration des pratiques professionnelles pour que la césarienne « à vif » ne soit plus un aléa acceptable mais un événement indésirable grave, prévenu et combattu par tous.

Service d’Anesthésie-réanimation pédiatrique et obstétricale de l’hôpital Necker - Enfants Malades (Paris) ; présidente du Club d’anesthésie réanimation obstétricale (Caro)

Pr Hawa Keita-Meyer
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Source : lequotidiendumedecin.fr