Cancer du foie en pédiatrie : nouvel espoir grâce à la radiothérapie interne par yttrium-90

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Publié le 09/11/2018

Une étude américaine a permis de montrer la faisabilité d'une technique de radiothérapie interne chez l'enfant atteint de cancer primitif du foie et a mis en évidence son effet antitumoral. Ces résultats ont l'objet d'une publication dans « Pediatric Blood & Cancer ».

La radioembolisation transartérielle est une technique peu invasive qui consiste à injecter des microbilles chargées d'yttrium-90 de 20 à 60 μm de diamètre directement dans l'artère hépatique, de manière à cibler spécifiquement la tumeur. Il s'agit d'une injection intra-artérielle à l'aide d'un microcathéter dans l'artère hépatique en passant par la fémorale.

Passerelle vers la chirurgie ou la greffe

« Par comparaison au rayonnement externe, ce traitement permet d'administrer des doses de rayonnement beaucoup plus élevées à la tumeur tout en préservant le tissu hépatique sain », indique Allison Aguado, première auteure de l'étude.

Ce traitement est utilisé chez l'adulte pour le traitement des cancers primitifs et secondaires du foie dans des centres experts. Son évaluation en termes d'efficacité anti-tumorale dans les tumeurs de l'enfant est très limitée.

« Lorsque la chimiothérapie n'est pas efficace, la radioembolisation peut potentiellement servir de passerelle vers la résection hépatique ou la greffe pour faciliter le contrôle tumoral des enfants atteints de tumeurs du foie », explique Allison Aguado.

Au total, 10 enfants âgés de 2 à 18 ans (âge moyen de 5,5 ans) ont été inclus dans cette étude rétrospective. Pour être éligibles à la radioembolisation avec l'yttrium-90, les jeunes patients devaient présenter une tumeur non opérable résistante à la chimiothérapie et une fonction hépatique préservée.

« Lorsque la chimiothérapie échoue, les options thérapeutiques supplémentaires pour les enfants atteints de cancer du foie non résécable sont limitées et peu efficaces », précise Allison Aguado.

Réponse tumorale et bonne tolérance

La radioembolisation a montré une action antitumorale chez la plupart des patients. Un contrôle temporaire de la maladie a été constaté chez sept patients et deux autres ont présenté une réponse partielle. Une réponse complète a été obtenue chez un seul patient, qui a pu bénéficier d'une greffe 6 semaines après la radioembolisation. Toutefois, celui-ci est décédé 6 mois après la greffe, en raison du développement de métastases pulmonaires.

Une bonne tolérance a été rapportée chez neuf patients.

Une des limites de l'étude est l'absence de bras contrôle. Des études complémentaires sont nécessaires, notamment pour déterminer quels sont les enfants pouvant tirer le plus de bénéfice de cette thérapeutique.

Allison Aguado espère que « la radioembolisation puisse être utilisée plus souvent comme traitement de première intention pour les patients en aval d'une résection ou d'une greffe du foie ».

Aguado et al. Transarterial radioembolization with yttrium-90 of unresectable primary hepatic malignancy in children. Pediatric Blood & Cancer. 8 novembre 2018. DOI: 10.1002/pbc.27510


Source : lequotidiendumedecin.fr