Hépatite d'origine inconnue : pas de signal inquiétant en France mais une surveillance qui s'organise

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Publié le 04/05/2022
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Crédit photo : Phanie

Dans un « DGS urgent », la Direction générale de la santé (DGS) s'est voulue rassurante à l'intention de l'ensemble des professionnels de santé concernant les cas d'hépatite d'origine inconnue rapportés dans de nombreux pays. L'institution commence par rappeler que les deux cas français détectés à Lyon, via le réseau de partenaires de Santé publique France, sont en cours d'investigation.

« Les cas d’hépatite aiguë d’étiologie indéterminée chez l’enfant ne sont pas rares », insiste la DGS, précisant que « la survenue de ces cas n’est pas inattendue et ne témoigne pas, à ce stade, d’un excès de cas en France ». Par ailleurs, selon les centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV), sollicités par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), il n'y a pas eu de cas en lien avec cette alerte. L’Agence de la biomédecine n’a quant à elle pas enregistré de demande d’inscription pédiatrique en urgence sur la liste nationale d’attente pour greffe hépatique.

Accent mis sur les adénovirus

En dépit de cette absence de signaux inquiétants à ce stade, la DGS insiste sur la nécessité de maintenir la vigilance. Santé publique France a, à ce titre, publié une description des cas à rapporter : enfant âgé de moins de 18 ans, ayant présenté depuis le 1er janvier 2022 une hépatite aiguë sévère définie par une cytolyse (ASAT et/ou ALAT) supérieure à 500 UI/L et un taux de prothrombine (TP) inférieur à 50 %. Le bilan étiologique initial doit être négatif : pas d'intoxication au paracétamol, à l'halothane, au valproate de sodium, à la rifampicine, à l'isoniazide, au phénobarbital, aux sulfamides et absence de syndromes phalloïdiens.

Par ailleurs, les jeunes patients ne doivent pas avoir d’hépatopathie chronique connue ou même très fortement suspectée, telle qu'un déficit en a1AT, une maladie de Wilson, une hépatite auto-immune, une cholestase intrahépatique familiale progressive ou une autre cause métabolique connue ni de leucémie aiguë.

La recherche des virus connus pour leur tropisme hépatique doit aussi être négative : virus de l'hépatite A, B, C et E, virus Herpes simplex (HSV), herpèsvirus humains de type 6 et 8 (HHV6/8), virus d'Epstein-Barr (EBV), cytomégalovirus (CMV), virus de la varicelle et du zona (VZV), parvovirus, échovirus, virus Cocksakie, Sars-CoV-2 ou virus grippal.

Par ailleurs, chaque cas positif pour un adénovirus, avec ou sans hépatopathie et avec ou sans agent infectieux détecté, doit en outre être rapporté, confirmant l'intérêt soutenu pour cette piste d'explication par les autorités de santé. Si un cas est identifié et que la recherche d’adénovirus sur les prélèvements respiratoires, sanguins et de selles est négative, le cas est d'ailleurs exclu et ne donne pas lieu à un signalement.

Une conduite à tenir

Concernant la conduite à tenir, Santé publique France préconise la réalisation d’un bilan étiologique de première intention complet, avec la recherche en particulier d’une étiologie infectieuse, toxique, immunohématologique, auto-immune, métabolique, vasculaire ou d’une hépatopathie chronique. Ce bilan doit notamment reposer sur des prélèvements sanguins, respiratoires, urinaires, de selles et des biopsies hépatiques (idéalement).

L’ensemble de ces prélèvements doivent être conservés dans des conditions optimales (4 °C pour les prélèvements frais, -20 °C pour les prélèvements congelés) pour des recherches ultérieures, en particulier métagénomique. Un prélèvement capillaire pour la recherche ultérieure éventuelle de toxiques doit être si possible réalisé.

Santé publique France s'attend à ce que les signalements émanent principalement des services de réanimation pédiatrique et des centres de transplantation hépatique pédiatrique. Tout clinicien exerçant en dehors de ces services et confronté à un cas suspect « peut en référer pour avis au référent en hépato-gastro-pédiatrie du CHU dont il dépend », précise l'agence sanitaire.

Une fois le signalement fait, la recherche d'expositions à risque sera réalisée par les cellules régionales de Santé publique France auprès de la famille de l’enfant sur la base d’un questionnaire exploratoire. Un bilan national des cas possibles sera réalisé de façon hebdomadaire et fera l'objet d'une mise à jour régulière sur le site internet de Santé publique France.


Source : lequotidiendumedecin.fr