« Il faut aller au-delà des solutions d’ultra-crise que nous traversons aujourd’hui » : la Pr Gras Le Guen lance les travaux des Assises de la pédiatrie

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Publié le 07/12/2022
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Crédit photo : S.Toubon

Face à une crise de la pédiatrie sans précédent, les mesures d’urgence ne suffisent plus. Il faut aller au-delà des « solutions d’ultra-crise que nous traversons aujourd’hui » et s’inscrire dans « quelque chose de plus ambitieux, une réforme en profondeur », ambitionne la Pr Christèle Gras Le Guen, co-présidente du comité d’orientation des « Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant » installé ce mercredi.

La présidente de la Société française de pédiatrie (SFP) a, en effet, lancé aujourd’hui les travaux préparatoires de ce rendez-vous national qui sera organisé au printemps, en réponse au cri d'alarme lancé fin octobre par le « collectif pédiatrie », auquel le Président de la République avait été sensible. Cheffe du service de pédiatrie générale et des urgences pédiatriques au CHU de Nantes, elle travaillera en binôme avec Adrien Taquet, ancien secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles, sous le précédent gouvernement.

« Investir durablement et en profondeur »

Ces Assises, annoncées par François Braun en novembre sur le modèle des assises de la santé mentale à l'automne de l'année dernière, auront vocation à s'attaquer aux problèmes « structurels » du secteur. L'objectif affiché est de construire des parcours de prise en charge « fluides », mais aussi « investir durablement et en profondeur sur la santé des enfants », projette l’entourage du ministère. Il s’agira donc de « travailler sur le fonctionnement des disciplines pédiatriques », mais aussi sur « la prise en charge coordonnée des enfants, entre la médecine de ville et l’hôpital », poursuit le ministère.

L’offre de soins en médecine libérale est en effet « saturée », tandis que les services d’urgence sont « encombrés par des patients en attente d’hospitalisation car on manque cruellement de lits », qu’il s’agisse d’hospitalisations conventionnelles ou de soins critiques, confirme la Pr Gras Le Guen.

Six axes de travail

Tout d'abord, le comité d’orientation des Assises va s'atteler à élaboration d'une feuille de route autour de six axes principaux pour « balayer de façon très large la santé de l’enfant dans son ensemble », précise la pédiatre. Le premier concernera l’immense majorité des enfants qui n’ont « pas de problèmes de santé particuliers, pas de pathologie identifiée », explique la présidente de la SFP. L’enjeu sera de garantir à tous les enfants un parcours de santé de qualité et « sans rupture ».

Les plus fragiles seront au cœur du deuxième axe qui concernera les enfants « porteurs de maladies chroniques, tous ceux qui nécessitent une prise en charge spécifique », détaille la co-présidente comité d’orientation. La santé mentale des enfants et la prévention seront également deux axes majeurs de la future feuille de route.

Le comité travaillera enfin sur la formation des professionnels « pour faire évoluer les métiers de la santé de l’enfant, les prises en charge et les parcours de soins », espère la pédiatre qui compte sur la collaboration de « multiples acteurs et disciplines ». Dernier axe : la recherche et l’innovation dans le domaine spécifique de la santé de l’enfant pour « valoriser les pratiques innovantes ». Un « sujet majeur, un incontournable si on veut se projeter dans des perspectives basées sur les preuves pour améliorer la santé de l’enfant », assure la Pr Gras Le Guen.

S'appuyer sur les précédents rapports

On devrait bientôt connaître le nom des personnes qui composeront ce comité, soit « deux, trois ou quatre pilotes en fonction des axes définis », souligne Adrien Taquet. Seront également associés à la démarche les ministères des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, de l'Éducation nationale et de la Jeunesse ou de l'Enseignement supérieur et de la Recherche

Enfin, « ces travaux s’articuleront avec d’autres travaux qui ont déjà cours », souligne Adrien Taquet qui a notamment mentionné ceux la commission d’experts sur les « 1 000 premiers jours ». Le comité s’appuiera aussi sur les rapports de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et du Haut conseil de la santé publique (HCSP), mais aussi des propositions des collectifs pédiatrie et inter-hopitaux (CIH). « Tous les avis seront pris en compte, toutes les propositions vont être précieuses pour animer les discussions. On ne part pas de zéro », observe, enthousiaste, la Pr Gras Le Guen qui fera feu de tout bois avant « l’arbitrage ministériel ».


Source : lequotidiendumedecin.fr