Une photographie du cancer bronchique primitif en France

9 000 patients dans la cohorte KBP-2020-CPHG

Publié le 21/05/2021
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Malgré le Covid, les centres hospitaliers ont montré une implication sans faille pour inclure les patients ayant eu un diagnostic de cancer bronchique primitif en 2020. C’est la troisième cohorte issue de ce travail épidémiologique commencé il y a 20 ans.
L’effet des innovations thérapeutiques qui ont révolutionné la prise en charge depuis 10 ans pourra être évalué en vraie vie

L’effet des innovations thérapeutiques qui ont révolutionné la prise en charge depuis 10 ans pourra être évalué en vraie vie
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Le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) regroupe les pneumologues exerçant dans des centres Hospitaliers (CH) et apparentés (Espic, hôpitaux militaires), qui prennent en charge environ 47 % des patients souffrant de cancer bronchique primitif (CBP) en France (données PMSI 2016). Pour pallier le manque de données épidémiologiques sur le CBP, le CPHG a mené, à 10 ans d’intervalle, trois études observationnelles prospectives, recueillant tous les nouveaux cas diagnostiqués dans l’année, avec suivi de la survie à un et cinq ans. L’étude KBP-2020-CPHG, menée en 2020, en est le troisième volet, suivant KBP-2000-CPHG, lancée en 2000, et KBP-2010-CPHG, reconduite en 2010.

Une implication renouvelée

En 2000, 137 centres investigateurs incluaient 5 667 nouveaux cas de CBP (1). KBP-2000-CPHG avait montré la faible proportion de femmes (16 %), souvent non fumeuses (32,3 % vs 2,5 % pour les hommes) avec une prédominance d’adénocarcinomes (45,7 % vs 27,2 %). Globalement, il y avait une prédominance d’épidermoïdes (38,8 % vs 29 % d’adénocarcinome) et le pronostic du CBP était mauvais, avec une survie de 10 % à cinq ans, tous stades confondus (2).

En 2010, 104 centres investigateurs incluaient 7 051 nouveaux cas de CBP (3). KBP-2010-CPHG relevait des patients significativement plus âgés (65,5 vs 64,3 ans), avec plus de femmes et de non-fumeurs.ses (24,3 vs 16 % et 10,9 % vs 7,2 % respectivement), des patients en meilleur état général au diagnostic (PS [0-1] 68,9 % vs 64,1 %), davantage d’adénocarcinomes (45,4 vs 26,3 % d’épidermoïdes) et une meilleure survie à cinq ans (12,7 %). ESCAP-2011-CPHG avaient permis l’analyse des séquences thérapeutiques sur deux ans.

En 2020 et malgré la pandémie Covid-19, 98 centres investigateurs ont inclus 9 000 patients ! KBP-2020-CPHG a pour objectif principal d’estimer la mortalité à un an et cinq ans. Elle permettra en outre de décrire la population, les caractéristiques tumorales, les prises en charge diagnostique et thérapeutique initiale, les taux de survie et les comparer aux données des études précédentes, estimer les facteurs pronostiques, étudier les inégalités d’accès aux soins, avec leur effet sur la prise en charge et la survie. Il s’agit d’une formidable photographie du CBP en France avec un effet baromètre sur 20 ans.

L’étude ancillaire ESCAP-2020-CPHG décrira quant à elle la stratégie thérapeutique durant les trois premières années suivant le diagnostic de CBP des patients de la cohorte KBP-2020-CPHG. Ses objectifs secondaires sont l’évaluation pharmacoéconomique et pharmacoépidémiologique, l’analyse de l’impact des nouvelles thérapeutiques et des séquences thérapeutiques sur la prise en charge et la survie. Cette étude longitudinale montrera la cinétique de prise en charge du CBP et les progrès en 10 ans.

Des données épidémiologiques précieuses

Les données de vie réelle constituent un enjeu majeur pour la qualité des soins et la régulation du système de santé. Elles permettent d’observer dans quelle mesure les résultats des essais sont validés et les progrès thérapeutiques implémentés dans la vraie vie (4). Depuis 20 ans, le CPHG étudie l’évolution de l’incidence et de la mortalité du CBP en France. KBP-2000-CPHG, KBP-2010-CPHG et ESCAP-2011-CPHG ont ainsi mis à disposition des scientifiques une base de données prospective sans équivalent de la prise en charge du CBP en CH et apparentés en France. Cette base constitue la principale référence épidémiologique nationale sur le CBP. KBP-2020-CPHG et ESCAP-2020-CPHG s’inscrivent dans la continuité de ces cohortes. Elles vont fournir des données de vie réelle extrêmement précieuses, qui enrichiront la connaissance sur l’évolution des caractéristiques du CBP (patient, tumeur) et l’effet attendu des innovations thérapeutiques (thérapie ciblée, immunothérapie, traitements locaux), qui ont révolutionné la prise en charge des CBP depuis 10 ans. Les premiers résultats sont attendus au deuxième semestre 2021.

Exergue : Cette base constitue la principale référence épidémiologique nationale sur le CBP

Président du CPHG, coordinateur de KBP-2020-CPHG et ESCAP-2020-CPHG

(1) Blanchon F. et al. Rev Mal Respir 2002;19:727-34

(2) Grivaux M. et al. Rev Mal Respir 2009;26:37-44

(3) Locher C. et al. Lung Cancer 2013;81:32-8

(4) Bégaud B et al. Rapport réalisé à la demande de Marisol Touraine. Mai 2017:1-105

Dr Didier Debieuvre

Source : lequotidiendumedecin.fr