Les températures élevées en cause de pneumothorax

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Publié le 14/06/2022
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C’est un débat ancien, pour lequel on manque de données. Mais, en les réanalysant à la lumière des conditions météo, il semble bien que la pollution atmosphérique pourrait jouer un rôle dans la survenue du pneumothorax, en particulier la surcharge en ozone.

Crédit photo : phanie

Une étude française présentée au congrès de American Thoracic Society (ATS), jusqu’au 24 juin 2022, s’est penchée sur l’effet de l’environnement sur la survenue de pneumothorax (1,2). Les facteurs favorisants restent en effet encore mal connus à ce jour. Dans les années 1980, la mise en évidence de clusters avait interpellé. Mais les diverses analyses réalisées n’éclairèrent guère le débat, certains travaux plaidant un effet météo, quand d’autres à l’inverse l’écartaient. Rien de bien concluant en somme.

Pour tenter d’éclairer la question, une équipe franc-comtoise, emmenée par la Dr Tania Marx (CHU de Besançon), a passé en revue les données disponibles. Il en ressort qu’elles sont à ce jour insuffisantes pour explorer l’effet éventuel de la pollution atmosphérique sur le déclenchement de pneumothorax. En revanche, on a assez d’éléments pour estimer la part de certaines conditions météorologiques, en particulier les températures journalières. Et là, bingo, les résultats apparaissent : les jours où les températures sont relativement élevées sont associés à un surcroît significatif de pneumothorax. Ce qui ne ferme donc pas la porte à un possible effet facilitateur de la pollution, en particulier de l’ozone. Les fortes chaleurs étant régulièrement associées à des pics de pollution, notamment à l’ozone.

Une base de 44 études pour l’analyse qualitative, 13 pour l’analyse quantitative

Ce travail de synthèse s’est attaché à analyser les données existantes. Il est fondé sur les données de 44 études pour l’analyse qualitative, dont 13 utiles pour l’analyse quantitative. Ces essais ont été retenus parmi la littérature existante sur la base de la règle Pecos (population, exposure, comparison outcome, study design), un acronyme résumant les critères de sélection à retenir pour analyser correctement l’effet d’une exposition en population.

Tous ces travaux se portent sur un bassin de population entier, dans lequel elles étudient – selon un protocole structuré – le lien entre des données d’expositions et un critère primaire prédéfini. Cet ensemble de données a permis de mettre en œuvre deux métaanalyses, l’une qualitative, l’autre qualitative.

Les éléments météorologiques étudiés sont : la température, les précipitations, les pressions atmosphériques, la force du vent et l’hygrométrie. Côté pollution, les critères passés au crible sont : l’oxyde d’azote, l’ozone et les PM10.

Les 44 études retenues (sur les près de 140 études trouvées dans la littérature) suivent des méthodologies variées. Les facteurs éventuels de risque de déclenchement de pneumothorax n’ont en outre pas été auscultés de la même manière. Par exemple, pour ce qui est des températures, certaines études se sont penchées sur les écarts de la température moyenne de la journée index par rapport au jour d’avant, d’autres sur les écarts dans la journée. Cette absence d’uniformité a largement affecté la puissance des métaanalyses. Leurs conclusions sont donc limitées.

Une puissance d’analyse limitée

Néanmoins, ce travail apporte de l’eau au moulin de l’hypothèse d’un effet des conditions météorologiques sur la survenue de pneumothorax. Il met en effet en évidence que les jours associés à un surcroît de pneumothorax sont plutôt les jours les plus chauds. Les températures moyennes, ainsi que les températures maximales, sont plus élevées. Il est en revanche difficile de conclure quoi que ce soit, sur les pressions atmosphériques ou l’humidité. Quant aux taux de précipitations, ils semblent indifférents.

Le peu d’études – deux correctes seulement – centrées sur la pollution ne permet pour leur part aucune conclusion sur les interrelations éventuelles entre pollution et pneumothorax. On peut juste remarquer que les jours les plus chauds étant habituellement ceux où les taux d’azote sont maximaux, il n’est pas impossible que la pollution joue, elle aussi, un rôle facilitateur, ou déclencheur. Mais les données manquent désespérément pour explorer plus avant cette hypothèse.

 

(1) T Marx et al. Pneumothorax and the environment: a systematic review and meta-analysis of the impact of air pollution and meteorology. C50 Emerging epidemiology in obstructive and restrictive lung disease ATS 2022

(2) T Marx et al. Pneumothorax and the environment: a systematic review of the impact of air pollution and meteorology, and a meta-analysis on meteorology factors. Environ Pollut 2021;15;283:117089. doi: 10.1016/j.envpol.2021.117089.

 

Pascale Solère

Source : lequotidiendumedecin.fr