Médecin et étranger, deux réalités difficilement conciliables en Italie

Publié le 01/04/2022
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Selon les dernières données publiées par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), les médecins formés à l’étranger représentent à peine 0,9 % du corps médical italien contre 12 % en France, 13 % en Allemagne et plus de 30 % au Royaume-Uni. Une situation pour le moins paradoxale compte tenu de la pénurie importante de praticiens à l’échelle nationale en Italie, notamment dans certaines branches comme la médecine générale et la réanimation.

Deux facteurs importants sont à l’origine de cette disparité. En règle générale d’abord, l’Italie ne recrute pas de praticiens d’origine étrangère. En mars 2020 pourtant, le gouvernement a glissé un codicille dans son programme de relance pour permettre aux ressortissants non européens mais titulaires d’un permis de séjour, de travailler dans la santé publique. À condition que leurs diplômes soient reconnus en Italie. Toutefois, la plupart des établissements de soins de santé exigent encore la nationalité italienne ou pour le moins d’un pays membre de l’Union européenne.

L’autre problème concerne le manque de candidatures. Pour le Dr Alessandro Vergallo, secrétaire national de l’association des médecins réanimateurs et anesthésistes (Aaroi-Emac), plusieurs facteurs expliquent le manque de séduction du système de santé italien pour les praticiens d’origine étrangère. Primo, les salaires moins élevés par rapport à la France ou l’Allemagne. Puis, le risque contentieux, une pratique courante en Italie, l’un des rares pays où les procès peuvent finir au pénal. Enfin, les normes européennes sur les périodes minimales de repos pour les professionnels de santé, appliquées aujourd’hui à la lettre par l’Italie qui ne veut plus se faire épingler par Bruxelles. Pour les spécialistes, avoir une activité mixte au sein de l’établissement qui les emploie est une mission impossible estime l’Aaroi-Emac. Résultat : les médecins étrangers ne viennent pas en Italie et les Italiens partent s’installer en France, Allemagne et au Royaume-Uni.

Selon l’Association des médecins étrangers en Italie (Amsi), 77 000 professionnels de santé dont 22 000 praticiens sont inscrits à l’ordre des médecins italiens. Seulement 8 à 10 % d’entre eux, réussissent à exercer dans le public affirme le Dr Foad Aodi, secrétaire de l’Amsi. Mais face à la pénurie de blouses blanches, la situation commence à évoluer notamment dans le Latium qui a entrebâillé les portes de ses établissements aux ressortissants étrangers en janvier dernier. Mais à trois conditions. D’abord, les soignants ne pourront pas bénéficier de contrats à durée indéterminée. Ils devront aussi être résidents en Italie depuis 5 ans et être affiliés à l’ordre des médecins.

A.F.D

Source : Le Quotidien du médecin