Ostéoporose : des traitements efficaces dans la vraie vie !

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Publié le 10/12/2021

Conformément aux résultats des essais cliniques versus placebo, les traitements contre l'ostéoporose s'avèrent aussi efficaces sur le risque de fracture en vie réelle, mais pas tous de façon identique…

Une diminution significative du risque de fractures, de tous types, après l'initiation du denosumab

Une diminution significative du risque de fractures, de tous types, après l'initiation du denosumab
Crédit photo : Phanie

Rares sont les essais pratiques d'efficacité en vie réelle des traitements de lutte contre l'ostéoporose, d'où l'intérêt de cette étude de cohorte. « Son objectif était de vérifier en vie réelle, l'efficacité des traitements ostéoporotiques et notamment le changement du risque de fracture après leur initiation », précise la Pr Karine Briot, rhumatologue à l’hôpital Cochin (Paris). Dans la base de données nationale de l'Assurance-maladie (Système national des données de santé), ont été identifiés : les données sur les fractures (de hanche, vertébrales ou non, bras/avant-bras) ayant conduit à un séjour hospitalier, les examens médicaux, les consultations médicales et paramédicales ainsi que l'ensemble des médicaments dispensés en officine et faisant l'objet d'un remboursement.

Des résultats concordants avec les essais

Une diminution du risque de fracture vertébrale a été constatée chez les femmes sous denosumab, bisphosphonates oraux et tériparatide, ainsi que des fractures de hanche et non-vertébrales chez les patientes sous denosumab. Ceci concorde avec les résultats observés dans les essais thérapeutiques. « Il n'a globalement pas été noté de différence dans les sous-groupes de patientes étudiées selon l'existence ou non d'un antécédent de fracture, leur âge ou la prise antérieure d'un traitement anti-ostéoporotique », précise la Dr Pauline Bosco-Lévy, pharmaco-épidémiologiste à la plateforme de recherche de Bordeaux.

Plus de 200 000 patientes ménopausées incluses

Les femmes ménopausées incluses débutaient un traitement anti-ostéoporotique entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2016, avec un minimum de deux ans de suivi, trois ans d'historique et aucun antécédent de cancer ou de maladie de Paget. Tous les traitements anti-ostéoporotiques étaient concernés qu’ils ciblent la résorption osseuse (traitement hormonal substitutif [THS], bisphosphonates, denosumab et raloxifène) ou stimulent la formation de tissu osseux (tériparatide). « Une approche hiérarchique a été utilisée : pour chaque patiente, seul le traitement le plus récemment commercialisé était pris en compte, permettant ainsi d'avoir un effectif suffisant de patientes traitées dans chaque groupe. Une analyse autocontrôlée a ensuite été réalisée. Dans les groupes de patientes recevant le même traitement, le taux d'incidence des fractures était comparé entre des périodes d'exposition au traitement et une phase sans exposition de référence, ce qui rend les résultats issus de ces analyses très robustes », précise la Dr Bosco-Lévy.

Au total, près de 700 000 patientes ont débuté un traitement anti-ostéoporotique entre 2014 et 2016, mais près de 400 000 l'ont arrêté dans les six mois suivant leur inclusion. Cela concernait, pour la grande majorité, des patientes traitées par THS. « L'une des explications avancées est que les femmes prenaient un THS en raison de bouffées de chaleur ou d'autres troubles liés à la ménopause et non pas en prévention de l'ostéoporose », remarque la Pr Briot. Finalement, l'étude a porté sur un peu plus de 200 000 patientes ménopausées, âgées en moyenne de 71 ans. Pour 10 % d'entre elles, un antécédent de fracture était identifié.

Avantage au denosumab

« L'analyse s'est faite en comparant le taux d'incidence de la période des trois mois qui suit l'initiation du traitement, correspondant à la période de référence du risque de fracture, avec le taux d'incidence de fractures pour les subséquentes périodes de 3-12, 3-18 et 3-24 mois », explique la Dr Bosco-Levy. Les analyses montrent que le risque de fracture diminue significativement après l'initiation du denosumab, sur quasiment tous les types de fractures (de hanche, vertébrales ou non). Avec l'acide zolédronique et le tériparatide, une nette réduction du risque de fracture a été retrouvé, mais uniquement pour les fractures vertébrales. « Il n'est rien sorti de significatif pour le raloxifène, mais la fréquence des fractures était trop faible dans chaque période étudiée. On manquait donc de puissance pour pouvoir tirer des conclusions », conclut la Dr Bosco-Lévy.

(1) Bosco-Lévy P et al. Abst 000639

Dr Nathalie Szapiro

Source : Le Quotidien du médecin