Contraception masculine à la demande : une piste testée avec succès chez la souris

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Publié le 16/02/2023
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Crédit photo : Garo/Phanie

La contraception masculine pourrait être un outil de choix au service de l'égalité des sexes face à la charge mentale de la reproduction. Sa mise au point est compliquée et a connu bien des échecs ces dernières années. Dans une étude publiée ce 14 février dans la revue « Nature Communications », des chercheurs du département de pharmacologie de Weill Cornell Medicine, à New York, ont présenté les résultats d'un nouveau candidat de « pilule masculine » chez la souris.

« Près de la moitié des grossesses ne sont pas voulues, rappellent les auteurs. Les options actuelles de planning familial sont inadéquates. Les hommes n'ont le choix qu'entre le préservatif et la vasectomie. » Jusqu'à présent, la plupart des tentatives de contraception masculine se sont focalisées sur la réduction de la croissance et du développement des spermatozoïdes.

En mars dernier, des résultats présentés à la conférence de printemps de la Société américaine de chimie rapportaient une efficacité de 99 % chez la souris d'un contraceptif masculin oral basé sur le composé YCT529 bloquant l'action des alpha de l'acide rétinoïque (RAR-alpha). Ce dernier joue un rôle important dans la croissance des cellules, la formation des spermatozoïdes et le développement de l'embryon.

Le problème de ce type d'approche est qu'elle nécessite des mois de traitement en continu pour être efficace. D'autres techniques, hormonales cette fois, présentent pour leur part des effets indésirables. Les pharmacologistes new-yorkais ont donc réfléchi à une méthode de contraception « à la demande » qui puisse être prise au cours des heures qui précèdent le rapport sexuel non protégé.

Ils ont cherché à inhiber l'adénylyl-cyclase soluble (sAC) à longue durée d'action, un composé essentiel pour la mobilité et la maturation des spermatozoïdes. Selon les premières données chez la souris, ce médicament serait bien toléré et rendrait les animaux temporairement infertiles sans altérer leur comportement sexuel. La molécule a évité toutes les gestations quand les rapports ont eu lieu dans les deux heures après l'administration. En revanche, elle n'avait plus aucun effet 24 heures après.

Prudence

Ces résultats sont encore préliminaires et sont donc à interpréter avec prudence. Mais des essais sur l'homme pourraient se révéler très probants. Il existe en effet une différence morphologique majeure entre une femme et une souris femelle : il n'existe pas de séparation physique entre l'utérus et le vagin chez ces dernières. Les spermatozoïdes humains doivent être plus mobiles que ceux des rongeurs pour franchir le col de l'utérus. 

« Je reste un peu sceptique quant au fait que cette méthode trouve un jour à être commercialisée », a toutefois admis auprès de l'AFP la chercheuse britannique Susan Walker, spécialiste de la contraception, qui n'a pas participé à l'étude.

Cependant, si Susan Walker reste prudente au vu de l'échec de nombreuses tentatives, elle reconnaît un « avantage frappant » à ce traitement potentiel, la promesse d'une efficacité immédiate. 


Source : lequotidiendumedecin.fr