En 2016, 6 003 personnes ont découvert leur séropositivité en France. Près de 20 % de ces nouveaux diagnostics (1 184) concernaient des plus de 50 ans, alerte l’équipe du Dr Florence Lot (Santé publique France) dans le BEH édité à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre. La très grande majorité des personnes concernées étaient âgées de 50 à 59 ans (73%), les 60-69 ans représentaient 23 % et les plus de 70 ans 4 %.
Le chiffre des diagnostics chez les seniors augmente régulièrement depuis 2008, puisqu’il est passé de 1 014 cette année-là à 1 268 en 2014 (hausse globale de 22 %, principalement liée aux personnes de la tranche 50-59 ans).
Diagnostics tardifs
Il s’agissait d’hommes dans les trois quarts des cas (72 %), dont 51 % avaient été contaminés lors de rapports hétérosexuels. Dans la population hétérosexuelle masculine, les personnes nées à l’étranger représentaient 53 % (dont deux tiers nés en Afrique sub-saharienne), une proportion moins élevée que chez les 25-49 ans (70 %). Cependant, la part d’hommes hétérosexuels, notamment nés en France, était plus importante chez les seniors que chez les 25-49 ans.
L’une des particularités de cette classe d’âge vient d’un diagnostic posé de façon plus tardive que chez les plus jeunes, avec 20 % de Sida déclaré (contre 10 % chez les 25-49 ans) et 15,4 % de stade symptomatique non sida (contre 11,6 %). à la révélation de la séropositivité, 38,3 % des plus de 50 ans étaient déjà en stade immuno-clinique avancé (contre 25,7 % chez les plus jeunes).
Logiquement, le nombre de personnes ayant un taux de CD4 inférieur à 200 était plus important dans la tranche d’âge plus avancée (36,1 vs 24,7 %). Néanmoins, la proportion de découvertes tardives a diminué entre 2008 et 2016, passant de 44 à 38 %.
Comportements à risque
A contrario, 28 % des personnes diagnostiquées avaient contracté le virus au cours des six derniers mois. Preuve que les comportements à risque existent même chez les seniors qui ne prennent pas assez de mesures préventives. D’ailleurs, le multipartenariat reste fréquent après 50 ans (10 % contre 19 % chez les plus jeunes) et le recours aux préservatifs est plus limité (49 % avec les nouveaux partenaires contre 79 % chez les 25-49 ans).
Pourquoi les seniors sont-ils diagnostiqués si tardivement, alors qu’un diagnostic précoce pourrait permettre la mise en place d’un traitement antirétroviral ? Principalement parce que le recours au dépistage n’est pas habituel dans cette tranche d’âge.
D’où l’importance de sensibiliser les professionnels de santé, selon l’équipe du Dr Lot. En effet, il semblerait qu’ils soient moins à l’aise pour discuter de sexualité avec leurs patients plus âgés et qu’ils ne leur proposent que rarement des dépistages, considérant qu’ils sont moins exposés que les plus jeunes au risque VIH.
D’ailleurs, parmi les personnes diagnostiquées en 2016, 48 % n’avaient jamais effectué de test dans leur vie. Les campagnes de sensibilisation des professionnels de santé pourraient peut-être être ciblées géographiquement, puisque dans certaines régions le nombre de diagnostics était plus important (Martinique, Bourgogne, Franche-Comté, Guadeloupe). La HAS est allée plus loin en 2017 en proposant un test de dépistage au moins une fois dans la vie à la population générale de 15 à 70 ans, avec une répétition du dépistage en cas de possible exposition.
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