Antibiotiques, du mieux sur la ville

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Publié le 18/11/2019
Antibiotiques

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Stabilisation, voire diminution des consommations d’antibiotiques, prescriptions plus conformes aux recommandations ou encore baisse des résistances : dans un rapport publié à l’occasion de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques, Santé publique France relève plusieurs tendances plutôt encourageantes en matière d’antibiotiques en ville.

Des consommations en baisse

Premier constat positif : après une hausse entre 2014 et 2016 la consommation d’antibiotiques en médecine de ville, se stabilise. En 2018, elle s’élève ainsi à 22,5 doses définies journalières (DDJ) rapporté à 1 000 habitants et par jour, contre 22,7 en 2009.

Sur la même période, le nombre de prescription d’antibiotiques en ville (un nouvel indicateur introduit pour avoir une vision plus directe des pratiques médicales et de leurs évolutions) a chuté de 15 % passant de 2,81 à 2,38 1 000 habitants/j.

« Dans les deux cas, c'est assez encourageant », juge Bruno Coignard, Directeur des maladies infectieuses à Santé publique France.

La baisse des consommations est particulièrement marquée chez les plus jeunes avec une diminution de 15 % des DDJ et de 31 % du nombre de prescription chez les moins de 5 ans. À l’inverse la tendance est plutôt à la hausse chez les séniors avec une augmentation de 13 % des DDJ chez les 65-84 ans et de 9 % au-delà.

Moins d’antibiotiques critiques

L’amélioration est aussi qualitative. « En cohérence avec les recommandations de bonne pratique, on observe une évolution des types d’antibiotiques prescrits, avec une augmentation de la consommation des bêta-lactamines dont l’amoxicilline et une diminution de la consommation de fluoroquinolones », se félicite Santé publique France. Entre 2016 et 2018, les prescriptions d’antibiotiques particulièrement générateurs de résistance* ont reculé de 6,3 % chez l’adulte, 5,6 % chez les 4-15 ans et 24,1 % chez les moins de 4 ans.

Les résistances marquent le pas

En miroir, les résistances marquent le pas notamment pour certains BGN. En ville, après une augmentation continue entre 2012 et 2015, la résistance d’Escherichia coli aux céphalosporines de 3e génération est en baisse, passant de 3,4 % en 2016 à 3,2 % en 2018. En Ehpad, cette résistance est globalement plus élevée qu’en ville mais les évolutions sont similaires.

Le tableau est plus mitigé pour les résistances d’E.Coli aux fluoroquinolones qui restent stables depuis 2012 (10,4 %) en ville et ont augmenté en Ehpad entre 2012 (21,3 %) et 2015 (26,0 %), puis diminué depuis pour atteindre 18,7 % en 2018.

Malgré tous ces signaux encourageants, « il y a encore beaucoup de chemin à faire », estime Bruno Coignard. Avec une consommation totale de 25,3 DDJ/1 000 habitants et par jour, la France reste en effet l'un des mauvais élèves de l'Europe juste derrière Chypre et la Grèce. Si l’hexagone arrivait à faire aussi bien que les Pays-Bas, qui consomment trois fois moins d’antibiotiques que nous, « l’Assurance Maladie pourrait économiser 400 millions d’euros environ », chiffre Santé publique France.

 

*céphalosporine de 3e ou 4e, amoxicilline + acide clavulanique et fluoroquinolones chez l’adulte / céphalosporine de 3e ou 4e chez l'enfant


Source : lequotidiendumedecin.fr