Voilà un argument de plus en faveur d’une origine organique et très précoce de l’autisme. Dans un article à paraître demain vendredi dans la revue Science, des chercheurs de l’Inserm montrent pour la première fois, sur des modèles animaux, que l’autisme est associé à des taux neuronaux de chlore anormalement élevés.
Classiquement, la concentration de chlore intracérébrale est très élevée pendant la période embryonnaire -ce qui contribue à la construction neuronale- mais elle diminue drastiquement au moment de l’accouchement, permettant au GABA d’exercer son rôle inhibiteur pour réguler l'activité du cerveau. Chez les sujets autistes, cette transition ne se ferait pas, d’où la persistance de taux élevés de chlore à l’âge adulte et d’une activité cérébrale anormale.
La prévention par les diurétiques ?
Pour les auteurs de l’étude, ces résultats permettent de mieux comprendre l’effet favorable des diurétiques testés avec succès chez des enfants autistes en 2012. Par ailleurs, les chercheurs suggèrent qu’un traitement diurétique anténatal pourrait aussi être bénéfique. En effet, chez des embryons de souris prédisposées à l’autisme, l’administration d’un tel traitement à la mère peu avant l’accouchement restaure la chute de chlore à la naissance et rétabli des activités cérébrales quasi normales.
Le rôle de l'ocytocine dans la baisse du chlore neuronal a également été étudié. Une molécule qui bloque les signaux générés par cette hormone a été injectée à des souris gestantes. Les chercheurs ont évalués les effets de ce blocage chez les descendants et révèlent qu'il reproduit chez la progéniture la totalité du syndrome autistique, à la fois sur les aspects électriques et comportementaux. Par conséquent, "les actions naturelles de l’hormone, tout comme celles des diurétiques, sont cruciales pendant cette phase délicate et contrôleraient la pathogenèse de l’autisme par l’intermédiaire des taux de chlore cellulaires" estime l’Inserm.
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