Cancer : le poids du social

Publié le 10/06/2014

Exposer les conditions de vie des patients cancéreux deux ans après le diagnostic, tel est le projet de l’enquête nationale, effectuée sur 4349 sujets atteints d’une pathologie tumorale, présentée ce jour par par l’Institut National du Cancer (INCA). L’enquête montre que l’annonce du cancer s’est faite de façon trop brutale pour 18% des interviewés. Et ce sont les personnes les moins diplômées et ayant les revenus les plus faibles qui sont les plus enclines à porter ce jugement. Les variations selon le sexe des participants sont, sous ce rapport, aussi nettes. Ce sont dans 28% des cas, des femmes âgées de 18 à 40 ans qui font le constat de la brutalité de l’annonce du diagnostic.

En revanche, les échanges d’information avec les soignants progressent. La proportion de patients satisfaits de leur traitement est en progression et celle de malades trouvant trop compliquées les informations fournies par le personnel de santé a baissé depuis 2004, date d’une précédente enquête sur le sujet. Quant à la dégradation de la qualité de vie induite par le cancer, elle dépend beaucoup de la localisation de celui-ci (poumon d’avantage que prostate, etc. ).

Au delà de la qualité de vie, le cancer influe sur la situation professionnelle : au moment du diagnostic, huit personnes sur dix avaient un emploi, contre six sur dix deux ans plus tard. Cette perte d’emploi touche d’avantage, les moins diplômés, les jeunes et les seniors, ainsi que ceux ayant un contrat précaire ou étant employés dans les PME, et plus généralement les personnes ayant un emploi d’exécution (ouvriers, employés). Et la gravité du cancer aggrave les inégalités en matière de perte d’emploi : pour un cancer de bon pronostic, le taux de maintien d’emploi deux ans après le diagnostic est de 89% pour les métiers d’encadrement et de 74% pour les professions d’exécution. Pour les cancers de mauvais pronostic, ces taux sont respectivement de 48 et 28%.

Enfin la discrimination liée au cancer touche un enquêté sur dix. Une fois de plus, le spectre des discriminations recoupe celui des inégalités sociales. Leur fréquence atteint 25% dans les ménages en difficulté financière contre 4% dans les familles aisées.

Dr Alain Dorra

Source : lequotidiendumedecin.fr